Un défaut de paiement de la Russie, cela changerait quoi ?

Le 27 juin 2022 est entré dans l’histoire de la Russie comme le jour du défaut. Le défaut de la Fédération Russe ne s’explique pas par le manque de l’argent de l’État agresseur, mais par la perte de la capacité technique d’effectuer des paiements. L’agence de notation Moody’s a annoncé le défaut de paiement de la Russie en raison du fait que les investisseurs n’ont pas reçu des paiements sur deux émissions d’euro-obligations d’un montant de 100 millions de dollars.

La Russie a fait défaut pour la première fois depuis 1918. En janvier 1918 le nouveau gouvernement de la Russie soviétique a refusé de payer les dettes des gouvernements impérial et provisoire. Toutes les relations économiques avec la Russie soviétique ont été interrompues. La même chose s’est produite pendant la guerre froide – le gouvernement de l’Union soviétique a arrêté les paiements pour la fourniture des armes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale, mais plus tard cette dette a été reconnue. A la fin du XXe siècle les Soviétiques ont dû rembourser toutes les dettes de leurs dirigeants.

Le défaut d’aujourd’hui porte un coup dur à l’image de la Russie sur les marchés financiers qui ferme généralement l’accès du pays aux marchés étrangers pendant de nombreuses années. Le défaut conduit au fait qu’il sera très difficile de revenir sur le marché financier civilisé même après la guerre contre l’Ukraine, en particulier compte tenu du fait que les banques d’investissement, les agences de notation et les quatre grandes sociétés d’audit du monde ont quitté le marché russe et ne reviendra pas de sitôt.

Ce fait confirme que les sanctions internationales fonctionnent et grâce à elles la Russie a été coupée des marchés des capitaux extérieurs, des systèmes bancaires et des agences de notation, ce qui a rendu impossible le paiement des dettes extérieures.

L’incapacité de la Russie à rembourser sa dette extérieure lui causera des centaines de problèmes économiques. Même après le changement du régime de Poutine et le paiement des réparations d’après-guerre à l’Ukraine, la restauration de l’infrastructure boursière se poursuivra pendant des années et la Russie devra commencer son chemin sur les marchés mondiaux des capitaux à partir du statut de sa dette publique. C’est un sombre marqueur de la transformation rapide du pays en un paria économique, financier et politique.

La Russie de nos jours est devenue une économie fermée, les sanctions imposées ont suspendu un « rideau de fer », en limitant considérablement toute coopération avec l’Occident. De ce fait l’impact du défaut aura un impact limité au stade initial et créera de grandes difficultés pour le pays à moyen et long terme. Les sanctions ont déjà considérablement affecté l’économie de l’agresseur: en 2022 l’économie devrait chuter de 8 % ou plus. Il s’agit de la chute de la production nationale, de la flambée des prix à l’importation, ainsi que de la croissance du chômage en Russie.

Si les revenus de l’agresseur sont réduits au moins de 30 à 35 % la Russie perdra la capacité de financer la guerre et son économie se noiera dans le chômage. La restriction du financement extérieur obligera les Russes à réduire encore plus leurs dépenses en raison du ralentissement économique, de la hausse de l’inflation, de la réduction des investissements et du chômage.

Les Russes doivent s’attendre aux conséquences suivantes du défaut: dépréciation du rouble, augmentation des prix des biens et des services, retards dans les retraites et les prestations sociales, pénurie des marchandises.

A long terme, les investisseurs occidentaux ne viendront pas, les emplois ne seront pas créés. On a déjà calculé que les pertes directes du départ des investisseurs étrangers (après le début de la soi-disante « opération spéciale ») sont environ 2 millions d’emplois et à peu près le même nombre d’emplois sont associés dans des entreprises russes.

A.L pour Maghreb Aujourd'hui

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