Le 9 juin lors d’un discours aux jeunes entrepreneurs de la Russie V. Poutine s’est annoncé comme le successeur des affaires du tsar russe Pierre Ier qui, selon le président russe, «n’a pas arraché, mais a rendu» les terres de la Russie et a combattu la Suède. Dans le contexte de la guerre contre l’Ukraine les paroles de Poutine peuvent être considérées comme la légitimation officielle des saisies territoriales effectuées par l’armée russe en Ukraine et dans d’autres pays touchés par l’agression du Kremlin.
Poutine a fait un « coming-out dictatorial», qui a essentiellement révélé de vraies raisons de la soi-disant « opération spéciale», en d’autres termes, la guerre à grande échelle pour s’emparer de l’Ukraine. Les arguments exprimés par l’armée russe et les services spéciaux russes sur les raisons de cette invasion ont été immédiatement détruits. Les thèses sur la « démilitarisation» et la « dénazification» de l’Ukraine ont été nivelées, en laissant la place à la thèse évidente sur la capture de l’Ukraine et en la privant des attributs d’un État.
Les paroles de Poutine sur la collecte des terres ont fait de tous les Russes les otages pour plaire à leur dirigeant mentalement malade. Les thèses des orateurs officiels du Kremlin ont perdu le sens et peuvent être considérées comme le chantage: celles à propos des armes nucléaires que l’Ukraine chercherait à obtenir, à propos des provocations avec des produits chimiques, à propos de la protection du Donbass, à propos de l’OTAN aux portes de la Russie... Poutine a nivelé tous ces messages et a fait passer pour des idiots: l’armée russe, les services spéciaux russes, les propagandistes russes développant la thèse sur « les intentions pacifiques de la Russie et l’agressivité de l’Ukraine».
Poutine a ouvertement admis qu’il avait planifié à l’avance la prise de l’Ukraine et a inventé les insinuations ci-dessus à cet effet. L’Ukraine a été systématiquement accusée des activités anti-russes. Poutine préparait son peuple à la guerre et il avait besoin des conditions préalables à son déclenchement.
Le coming-out géopolitique de Poutine qui se présente de Pierre Ier est la preuve qu’il n’a rien à offrir aux Russes sauf la guerre, le sang et la mort. Et Poutine en parle déjà ouvertement, en essayant de préparer le peuple russe à une longue guerre, aux pertes humaines et économiques.
De plus Poutine détruit délibérément les pseudo-républiques créées par lui au Donbass afin d’avoir un précédent pour une intervention militaire plus active. Le dictateur du Kremlin ne se rend pas compte qu’au XXIe siècle le territoire a cessé d’être la valeur la plus élevée et les guerres d’agression deviennent un précédent extrêmement dangereux de la guerre nucléaire.
Poutine a utilisé un cliché classique de la propagande soviétique décrivant l’Ukraine comme l’agresseur et la Russie comme la victime. C’est un des éléments de base pour attiser le sentiment anti-ukrainien en Russie afin de justifier l’invasion et la mort des militaires russes.
De la même manière les insinuations ci-dessus sur les « laboratoires biologiques américains», les « armes nucléaires», le « pilonnage du Donbass» ont été inventées pour argumenter davantage l’invasion russe en Ukraine. Poutine ne pardonnera jamais à l’Ukraine son indépendance et ses réalisations. C’est pourquoi sa rhétorique n’est que mensonges.
La saisie des territoires est une accentuation douloureuse de Poutine, obsédé par la manie de la restauration de l’Empire russe. Le discours du 9 juin devant la jeunesse russe n’est pas un hasard, car Poutine a l’intention de continuer la guerre même pendant 21 ans comme Pierre Ier avait mené la guerre contre la Suède. Le dictateur russe ne se rend pas compte de l’ampleur de la tragédie qui devient de plus en plus distincte.
A.L pour Maghreb Aujourd'hui