MAE ukrainien: « La Russie ne pourra point vaincre notre peuple »

Déclaration de Dmytro Kuleba dans le cadre d’une interview accordée à l'Agence Anadolu, simultanément avec la fin du troisième mois depuis le début de l'opération militaire russe en Ukraine, le 24 février dernier

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a souligné qu'il « est possible qu'un État soit défait par un autre État mais il est impossible de vaincre un peuple », affirmant que la Russie « ne pourra point vaincre le peuple ukrainien ».

C'est ce qui ressort d'une interview accordée par le chef de la diplomatie ukrainienne à l’Agence Anadolu (AA), simultanément avec la fin du troisième mois depuis le début de l'opération militaire russe en Ukraine, le 24 février dernier.

Kuleba a ajouté que « la Russie a échoué à atteindre les frontières administratives de Donetsk et de Louhansk malgré les plans préétablis à cet effet, qualifiant cette situation de « victoire » pour son pays.

Concernant les développements survenus dans le Donbass, Kuleba a relevé que cette région est en proie à une « guerre effroyable », ajoutant que « ce territoire ressemble aux films de guerre avec l'artillerie lourde, les chars, les avions de chasse, les combats de rue et les barricades ».

Et Kuleba de poursuivre : « Les Russes sont désormais encerclés là-bas. Cela signifie une victoire pour nous, d'autant plus que les attaques russes ont été grandement ralenties ».

Le chef de la diplomatie ukrainienne a mis l'accent sur l'importance de la fermeture par la Turquie du détroit du Bosphore au passage des navires militaires en temps de guerre.

Les relations turco-ukrainiennes

Evoquant les relations entre la Turquie et l'Ukraine, Kuleba a dit qu'elles sont fondées sur la confiance.

« Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, ont prouvé, à travers ce qu'ils ont fait, que ce sont deux leaders dignes de confiance et les relations établies entre les dirigeants des deux pays constituent le fondement des relations turco-ukrainiennes », a-t-il dit.

Il a affirmé l'existence d'une coopération établie, de longue date, entre Ankara et Kiev, saluant la médiation initiée par la Turquie entre l'Ukraine et la Russie au cours du conflit actuel.

Le haut responsable ukrainien a relevé que les deux parties, ukrainienne et turque « sont aptes à communiquer de manière fluide et avec confiance, via les canaux diplomatiques établis » entre les deux pays.

Kuleba a qualifié les décisions et les mesures prises par Erdogan concernant la guerre russo-ukrainienne de « constantes et cohérentes », affirmant qu’elles ont été extrêmement importantes pour assurer la sécurité dans la région de la mer Noire.

L’Ukraine est prête à poursuivre les discussions

Le ministre ukrainien a affirmé que son pays est prédisposé à poursuivre les discussions avec la Russie, relevant que Kiev n'a pas été la partie qui a rejeté les pourparlers.

Il a affirmé, à ce propos, que : « nous ne sommes pas convenus de recevoir les injonctions et les mises en garde de Moscou, dès lors que les Russes venaient aux réunions pour nous donner des feuilles et en réclamer la mise en œuvre ».

« Nous n'avons pas accepté et nous n'accepterons jamais cette méthode », a-t-il soutenu.

Il a ajouté que la Russie a continué, après les discussions d'Istanbul, à user du discours empreint de mises en garde, précisant : « Nous avons constaté à travers cela que les Russes n'étaient pas prêts pour trouver des solutions ».

Et Kuleba de poursuivre : « Lorsque les Russes ont lancé l'opération militaire à large échelle dans le Donbass, nous avons vu comment ils ont opté pour la guerre au lieu de choisir la paix ».

Le ministre ukrainien s’est interrogé : « comment est-il possible de parler de discussions et de négociations alors que la Russie poursuit son opération militaire dans le Donbass, laquelle est la plus importante en Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ? ».

Et Kuleba de lancer : « Il y a certains points sur lesquels il n'est pas possible d'offrir de concessions. Même si la moitié du monde serait venue à notre pays, nous n’offrirons aucune concession à ce sujet ».

Le ministre ukrainien a cité parmi les points sur lesquels ils sont intransigeants, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine, indiquant que nous n'accepterons pas qu'une partie de notre territoire soit spoliée.

Il a mis l'accent sur leur rejet en bloc du maintien de l'armée russe sur le territoire ukrainien, affirmant que tous les soldats russes doivent quitter l’Ukraine.

Sanctions internationales contre la Russie

Au plan des sanctions internationales infligées à la Russie, Kuleba a salué « l'importance de ces sanctions », tout en estimant qu'elles demeurent « insuffisantes ».

Il a dénoncé, à ce propos, le fait que l'Union européenne ait imposé des sanctions à l’endroit de la Russie, tout en poursuivant d'autre part les importations de gaz et de pétrole russes, qualifiant cela de « contradictoire ».

Il a réitéré l'impératif qu'il y a à « isoler la Russie de l'ordre économique international ».

Le chef de la diplomatie ukrainienne a accusé la Russie de « confisquer les réserves ukrainiennes de blé dans les ports qu'elle domine et d'entraver l'acheminement des navires et bateaux aux ports ukrainiens », estimant que cette attitude aggravera la crise alimentaire mondiale ».

Il a affirmé qu'ils œuvrent actuellement à surmonter la crise du blé en lui identifiant des solutions dans les plus brefs délais, considérant que la Russie est la seule responsable de cette crise.

Les soldats ukrainiens dans l'usine d'Azovstal à Marioupol

Kuleba a relevé que tous les civils et soldats ukrainiens, qui étaient encerclés dans l'usine d’Azovstal de la ville de Marioupol ont quitté la zone, faisant part de ses remerciements dans ce cadre à l'Organisation des Nations unies et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Le ministre a conclu l'interview en indiquant que la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine a provoqué des changements radicaux dans les relations internationales, relevant que les États-Unis d'Amérique et la Chine « se transformeront en superpuissances après cette guerre et que la Russie sera complètement absente étant effondrée ».

Il a ajouté que « d'autres forces seront appelées et aptes à créer l'équilibre dans le monde, bien qu'ils n’aient pas atteint le palier qui leur permettra de concurrencer Pékin et Washington », ajoutant que la « Turquie et l'Inde pourraient faire partie de ces forces ».

Source : AA

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