La fabrication et l’importation d’armes se sont accrues au cours des vingt dernières années dans un pays gangrené par la violence des armes à feu.
L’attrait des Américains pour les armes à feu ne se dément pas. Aux Etats-Unis, les fabricants d’armes en ont produit plus de 139 millions à destination du commerce sur les vingt dernières années (dont 11,3 millions pour l’année 2020), selon un rapport du ministère de la justice publié mardi 17 mai.
Sur la même période, 71 millions d’armes à feu ont été importées, contre seulement 7,5 millions d’armes exportées – un signe du nombre d’armes disponibles dans le pays. L’industrie de l’armement a connu une soudaine expansion : en 2000, le pays comptait 2 222 entreprises de fabrication d’armes en activité ; en 2020, on en dénombre 16 963, selon l’étude du gouvernement.
La production annuelle d’armes à feu destinées à la vente commerciale a aussi considérablement augmenté, passant de 3,9 millions en 2000 à 11,3 millions d’armes à feu en 2020, avec un pic à 11,9 millions en 2016.
Hausse des armes en kit
Le document montre que si les Américains ont une préférence pour les fusils semi-automatiques (de type AR-15), utilisés lors de nombreuses fusillades, ils ont acheté principalement le pistolet semi-automatique 9 mm, considéré comme bon marché, précis et facile à utiliser et similaire à l’arme utilisée par les policiers.
Les autorités sont par ailleurs confrontées à une hausse des armes dites « fantômes », des armes en kit pouvant être fabriquées à la maison pour quelques centaines de dollars et dont certaines parties peuvent être achetées en ligne ou produites par une imprimante 3D.
Contrairement aux armes produites en usine, elles ne sont pas dotées d’un numéro de série et, puisqu’elles ne sont pas considérées comme des armes tout au long du processus de vente, ne nécessitent pas de détenir un permis de port d’arme ni de soumettre l’acheteur à un contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques. Selon le rapport, en 2021, la police a récupéré 19 344 armes dites « fantômes », contre 1 758 en 2016.
En avril, le président des ETats-Unis, Joe Biden, a durci la réglementation concernant ce type d’armes, avec notamment l’obligation pour les revendeurs de tels kits de procéder à une vérification des antécédents des acheteurs potentiels ou d’inclure un numéro de série sur les pièces constitutives.
« Nous pouvons faire face à la flambée actuelle de la violence uniquement si nous avons les meilleures informations disponibles et que nous utilisons les outils et les études les plus efficaces pour alimenter nos efforts », a déclaré la numéro deux du ministère de la justice américain, Lisa Monaco, dans un communiqué.
Week-end de violence
La publication de ce rapport intervient alors que le week-end a été marqué deux fusillades : l’une à caractère raciste à Buffalo, dans l’Etat de New York, où dix Afro-Américains ont été tués, et l’autre à Los Angeles, en Californie, où une personne a trouvé la mort et cinq autres ont été blessées.
Le nombre de décès par armes à feu aux Etats-Unis a enregistré une hausse « historique » en 2020, potentiellement causée par les effets de l’épidémie de Covid-19 et la pauvreté, selon un rapport des autorités sanitaires américaines publié la semaine dernière.
Le pays a ainsi dénombré 19 350 homicides en 2020, une hausse de près de 35 % par rapport à 2019, et 24 245 suicides, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). Le taux d’homicide s’est établi à 6,1 pour 100 000 habitants en 2020 – cela ne s’était pas produit depuis plus de vingt-cinq ans.