C’est déjà le deuxième mois d’une confrontation vraiment épique entre l’Ukraine et l’agression brutale sans précédent de la Russie. La guerre que l’Ukraine est obligée de faire est devenue, sans exagération, celle du peuple.
Les forces armées ukrainiennes détruisent l’ennemi sur le champ de bataille, l’économie fonctionne à la limite, les volontaires aident l’État à accomplir de nombreuses fonctions, les médecins ne quittent pas les salles d’opération 24 heures par jour, les sauveteurs liquident constamment les conséquences des attaques à la roquette et à la bombe.
Pourtant dans toute l’Ukraine et même dans la zone des hostilités actives la campagne de semis a activement commencé. On peut dire que les Ukrainiens en Ukraine et dans tous les coins du globe font tout leur possible pour rapprocher la victoire.
Aujourd’hui il est déjà évident que le monde civilisé est du côté de l’Ukraine. Le pays reçoit une aide humanitaire, de nombreux pays accueillent des millions de femmes et d’enfants qui ont quitté les régions de guerre. Dans les villes de l’Europe, aux États-Unis, au Canada et au Japon on organise des mitings contre la guerre, contre l’agression russe.
Pour être juste, il convient de noter que de nombreux pays ne se limitent pas par l’aide humanitaire, en fournissant à l’Ukraine des armes défensives. Tout de même il faut constater qu’il existe beaucoup de stéréotypes de perception en temps de paix, il y a des procédures conservatrices formelles qui empechent de prendre la décision rapide pour la livraison immédiate de l’arme.
Il faut admettre que les experts russes dans le domaine de l’influence informatique et psychologique ont bien étudié l’Occident en tant que futur ennemi, ont trouvé les endroits les plus vulnérables et, par conséquent, ont développé une stratégie efficace pour la mise en œuvre des opérations informatiques et psychologiques. Ces opérations constituent la force la plus importante dans la doctrine de la guerre hybride.
La technique simple et efficace consiste au remplacement du concept «la guerre» par l’expression «l’opération militaire spéciale». Ce fait crée des problèmes pour des juristes cherchant de trouver dans les sources du droit international la réponse à la question: «Existe-t-il des signes juridiques de la guerre dans les actions de la Russie? Est-ce que des conventions et d’autres sources de droit international sont en vigueur dans les conditions actuelles?»
Ce n’est pas la première fois que la Russie utilise cette technique de l’influence informatique et psychologique: «l’imposition de la paix» en Géorgie en 2008, «il n’y a pas de Russes» en Crimée et au Donbass en 2014, «l’assistance internationale au peuple syrien» en 2021. Ce n’est pas une liste exhaustive de «la perversion de la réalité» par la Russie.
Alors, que faire dans cette situation? Il faut, bien sûr, redonner du bon sens au droit, c’est-à-dire reconnaître l’évident et exclure la possibilité de la Russie d’abuser le droit. Les décisions juridiques doivent être rapides et absolument sans ambiguïté, afin d’éviter l’interprétation «commode» pour la Russie. Le moment est venu de prendre les décisions immédiates politiques et juridiques qui peuvent être le signal pour les organisateurs et les auteurs de crimes russes: «Vos méthodes ne fonctionnent plus, vous serez punis»!
Il y a un certain progrès dans cette direction. Le 7 mars, lors d’audiences à la Cour internationale de l’ONU sur les mesures provisoires dans le différend « l’Ukraine contre la Russie » à la base de la convention sur le génocide, le représentant des intérêts de l’Ukraine a exposé la position ukrainienne. Dans son discours a été avancé un argument politique concernant l’importance à long terme de la décision de la Cour dans cette affaire pour l’ensemble du droit international et de l’ordre juridique mondial.
Hongju Ko, représentant des intérêts de l’Ukraine, a demandé au Tribunal de reconnaître que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, commet un acte d’agression pré-planifié contre l’Ukraine se basant sur les accusations insensées de «génocide».
Hongju Ko a souligné l’importance de la décision précédente de la Cour pour activiser le travail d’autres institutions internationales traitant l’agression russe, des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme. Selon lui: «Il s’agit du différend entre la Russie et l’ordre juridique mondial, formé après la Seconde Guerre mondiale».
Les arguments avancés par le juriste connu étaient politiques et juridiques à la fois. Ses arguments ont fonctionné. Le 16 mars, Joan Donoghue, juge en chef de la Cour internationale de l’ONU, a annoncé la décision: «La Fédération Russe doit dans l’attente de la décision définitive sur l’affaire suspendre les hostilités qui ont commencé le 24 février 2022 sur le territoire de l’Ukraine».
Cette décision de la Cour internationale de l’ONU deviendra un point de départ pour optimiser les activités pratiques des tribunaux internationaux dans les affaires de crimes russes en Ukraine.
M.S pour Maghreb Aujourd'hui