Les soldats ukrainiens sur le front font peu de cas de l'éventualité d'une attaque russe

Les soldats ukrainiens en première ligne ne peuvent que passer leur temps à deviner quelle serait la prochaine action de Moscou, dans le contexte actuel de renforcement de la présence militaire russe à la frontière de leur pays.

Les soldats sur le front près de la ville de Zolote, dans la région du Donbass, ont partagé leurs points de vue avec l'Agence Anadolu (AA) sur les développements récents dans la zone de conflit.

Zolote, ancien dortoir soviétique transformé en poste de commandement militaire, est devenu au centre des tensions depuis 2014 lorsque des affrontements armés ont éclaté entre les Forces armées ukrainiennes et les séparatistes soutenus par la Russie.

L'identité des soldats interrogés par l'AA n'a pas été divulguée pour des raisons de sécurité.

Concernant l'escalade récente des tensions, un soldat de l'armée ukrainienne a déclaré que le but de la Russie était de leur faire peur, ajoutant qu'il doutait qu'une "attaque majeure" ait lieu.

« Il y a déjà une guerre en cours depuis huit ans, ce n'est pas nouveau. Même s'il advenait une grande attaque [de la Russie contre l'Ukraine], ce serait une guerre mondiale. Mais je ne pense pas qu'ils la feront », a-t-il estimé.

Un autre soldat qui se trouve en première ligne a également exclu toute escalade éventuelle des tensions.

« Je ne pense pas qu'ils [côté russe] iront plus loin, car ils ne sont pas stupides et se rendent compte que le monde entier peut s'unir contre eux, et c'est trop, même pour eux », a-t-il déclaré.

Un autre militaire interrogé a estimé que le président russe, Vladimir Poutine, "aura peur" d'attaquer l'Ukraine parce que « plusieurs ​​pays alliés soutiennent l’Ukraine ».

« L'ours blanc russe est en colère maintenant et pourrait jouer son va-tout [tout gagner ou tout perdre] », selon un autre soldat ukrainien.

Un autre de ses camarades estime, quant à lui, que l'on peut s'attendre à tout de la Russie, rappelant l'attaque de 1994 contre la Tchétchénie.

Se référant à l'histoire, un autre militaire a fait remarquer qu'au fil des siècles « il y a des accords de paix suivis de combats, c'est un cycle ». « Si la diplomatie ne triomphe pas, il y aura la guerre », a-t-il ajouté.

Provocation

Un autre compagnon d'armes se trouvant en première ligne, perçoit les récentes tensions comme une « sorte de provocation » et pense que la partie russe « utilise la menace ainsi que cette situation [de tension] pour atteindre ses objectifs géopolitiques ».

« Mais, de toute façon, les Ukrainiens sont prêts à toute évolution de la situation », ajoute-t-il.

Un autre soldat ukrainien pense qu'en général, il y a « une possibilité que la Russie envahisse l'Ukraine un jour, mais pas maintenant ».

« J'ai juste l'impression que Poutine essaie de faire une démonstration de force, mais ce n'est pas le moment d'attaquer... s'il attaque, il prouvera au monde entier qu'il est un agresseur », juge-t-il.

Une attaque contre l'Ukraine pourrait entraîner « une guerre nucléaire ou une troisième guerre mondiale », indique un autre militaire mobilisé sur le front.

« Ce serait différent des guerres mondiales précédentes parce que ce serait la fin du monde », selon lui. En cas d’invasion de l’Ukraine, Poutine pourrait « aller en Europe... mais il y a l'OTAN en Europe, ils ne le laisseront pas faire, alors, probablement, il n'essaiera pas de s'affronter avec l’Ukraine ».

Un autre soldat estime, quant à lui, qu’« il est impossible de deviner ce qui va se passer ».

Développements récents

La Russie a récemment rassemblé des dizaines de milliers de soldats près de la frontière orientale de l'Ukraine, faisant craindre une nouvelle offensive militaire contre son voisin de l’ex-bloc soviétique.

Moscou a nié se préparer à envahir l'Ukraine et a déclaré que ses troupes étaient là pour mener des exercices. Elle a également émis une liste de propositions sur des garanties de sécurité, où elle exige notamment que l'Ukraine n'intègre pas l'OTAN.

Des manifestations ont éclaté à Kiev le 21 novembre 2013, après que le président ukrainien de l'époque, Viktor Ianoukovitch, a refusé de signer l'accord d'association avec l'Union européenne, afin de relancer ses relations économiques avec la Russie.

Après que Ianoukovitch a fui le pays en février 2014, les manifestations s'étaient multipliées et les séparatistes pro-russes avaient déclaré leur prétendue indépendance à Donetsk et à Lougansk dans l'est du pays.

Selon l'ONU, plus de 13 000 personnes ont été tuées dans les affrontements entre les séparatistes et les Forces armées ukrainiennes depuis 2014.

Source : AA

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