Le Royaume-Uni fournira à l'Ukraine des "systèmes d'armes défensives légères et anti-char", sur fond de renforcement du dispositif militaire russe à la frontière ukrainienne, a déclaré, lundi, le ministre britannique de la Défense.
S'adressant aux membres de la Chambre des communes, Ben Wallace a déclaré que "compte tenu du comportement de plus en plus menaçant de la Russie, et en plus de notre soutien actuel, le Royaume-Uni fournit un nouveau paquet d'aide à la sécurité pour accroître les capacités défensives de l'Ukraine".
Wallace a indiqué qu'un nombre restreint de membres des forces britanniques allait également "assurer une rapide formation de base, pendant une courte période".
Il a précisé que "ce soutien concerne des capacités d'armement à courte portée et clairement défensives ; il ne s'agit pas d'armes stratégiques et elles ne représentent aucune menace pour la Russie."
Et d’insister : "Elles sont destinées à être utilisées en situation de défense, et le personnel britannique assurant la formation de base rentrera au Royaume-Uni après avoir achevé cette formation."
- Inquiétudes et appréhensions
Wallace a déclaré que des dizaines de milliers de soldats russes sont déployés aux abords de la frontière ukrainienne, ajoutant que ce déploiement n'était "pas ordinaire" et "qu'ils sont équipés de chars, de véhicules de combat blindés, de roquettes d'artillerie et de missiles balistiques à courte portée."
Et d'ajouter : "Nous, et nos alliés, avons des raisons légitimes et réelles de craindre que ces forces réunies, de par leur configuration et leur ampleur, soutenues par les capacités de frappe aérienne et maritime à longue portée russes stationnées dans la région, puissent être utilisées dans le but de mener une invasion à axes multiples de l'Ukraine."
"Mais quelle que soit la décision finale du gouvernement russe sur l'utilisation de ces forces, leur présence et leurs niveaux de préparation contribuent à une atmosphère déstabilisante qui risque au mieux de provoquer une erreur de jugement et - au pire - un conflit", a-t-il fait remarquer.
"En outre, ces dernières semaines, nous avons observé un durcissement de la rhétorique russe, une intensification de la cyberactivité et une désinformation généralisée qui pourraient servir de faux prétexte à une intervention militaire russe", a poursuivi le ministre.
Ben Wallace a également accusé la Russie de recourir à de faux narratifs, affirmant qu'ils font partie du manuel de jeu du Kremlin et qu'ils ont également été utilisés en 2008 avant l'invasion de la Géorgie, ainsi qu'en Ukraine en 2014.
Le ministre britannique de la Défense a également déclaré que les allégations de la Russie selon lesquelles l'OTAN tenterait d'encercler la Russie sont une idée farfelue, expliquant que "la Russie ne partage que 1/16e de ses frontières avec des alliés de l'OTAN."
Il a ajouté que l'OTAN est une alliance de nations partageant les mêmes intérêts, ayant des engagements de défense mutuelle et un ensemble de valeurs communes, tout en respectant la souveraineté des autres nations.
- Personne ne veut de conflit
Le ministre britannique de la Défense a souligné que l'Ukraine ne "cherche pas la confrontation, malgré l'annexion illégale de son territoire en Crimée et l'occupation du Donbass", dans l'est de l'Ukraine.
"Je dois insister : personne ne veut de conflit", a-t-il martelé.
Wallace a déclaré que la participation, la semaine dernière, au Conseil OTAN-Russie "a clairement montré que l'OTAN est ouverte au dialogue avec la Russie sur une série de questions visant à protéger la sécurité euro-atlantique, notamment la réduction des risques, la transparence, la maîtrise des armements et les lignes de communication."
"Mais nous ne récompenserons pas l'agression", a-t-il insisté.
Résumant les récents contacts directs entre les hauts responsables britanniques et russes, Wallace a adressé une invitation à son homologue russe, Sergueï Choïgou, à se rendre à Londres dans les prochaines semaines.
"Nous sommes prêts à discuter des questions liées aux préoccupations de sécurité mutuelles et à nous engager de manière constructive, en toute bonne foi", a-t-il expliqué.
- Le Royaume-Uni soutient la souveraineté de l'Ukraine
Wallace a réaffirmé que le Royaume-Uni soutient "sans équivoque" la "souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée."
"L'Ukraine est le pays indépendant et souverain d'un peuple ukrainien fier et libre", a-t-il souligné.
Le ministre britannique de la Défense a déclaré que le Royaume-Uni a formé plus de 22 000 soldats ukrainiens depuis 2015 dans le cadre de l'opération ORBITAL - une mission de formation et de renforcement des capacités de l'Ukraine par les forces armées britanniques.
Wallace a également averti que "toute invasion ne sera pas considérée comme une ‘libération’ mais comme une occupation, et je crains qu'elle n'entraîne d'énormes pertes en vies humaines de tous les côtés."
Affirmant rester optimiste quant aux chances de voir la diplomatie l'emporter, car "nous avons plus en commun que nous ne le pensons" avec la Russie, Wallace a ajouté : "C'est le choix du président Poutine : choisir la diplomatie et le dialogue ou le conflit et ses conséquences."
"Mais le comportement actuel de la Russie ne menace pas seulement la souveraineté de ce pays fier ; il déstabilise également l'ordre international fondé sur des règles et remet en question les valeurs qui le sous-tendent", a déclaré Wallace.
Et de conclure : "C'est pourquoi il est d'autant plus important que nous soyons solidaires de ceux qui partagent nos valeurs, notamment nos alliés et partenaires de l'OTAN comme la Suède, la Finlande et l'Ukraine."
Source : AA