La 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) doit débuter le 9 janvier 2022 au Cameroun. A quelques jours du coup d'envoi de la compétition, le Cameroun met les bouchées doubles pour dissiper des inquiétudes face aux défis sécuritaires et sanitaires.
Le coup d’envoi sera donné dans quelques jours, le dimanche 9 janvier, avec deux rencontres du groupe A au programme : Cameroun – Burkina Faso à 17 h, puis Éthiopie – Cap Vert à 20 heures.
En attendant le début de la compétition, plusieurs sélections sont déjà sur place au Cameroun, après avoir annulé leurs rencontres amicales suite à la crise sanitaire liée au coronavirus.
Certains joueurs convoqués pour la CAN 2021, ont été testés positifs à la Covid-19 et ne pourront, par conséquent, pas rejoindre leurs coéquipiers au Cameroun.
En attendant le coup d'envoi de cette CAN plusieurs fois reportée, il ne se passe plus un jour sans que l’organisation de la compétition phare du football africain fasse l’objet de spéculations.
Après celles relatives à une possible délocalisation au Qatar, en raison des retards accumulés par le Cameroun sur différents sites, notamment le stade Olembe à Yaoundé, c’est le scénario d’une annulation pure et simple du tournoi qui avait été évoquée.
En cause, l’épidémie de Covid-19 et l’émergence du variant Omicron, et surtout la situation sécuritaire dans les deux régions anglophone du Cameroun où se trouve l’une des poules de la CAN.
L'aspect sécuritaire surtout, suscite des interrogations, notamment dans la zone anglophone du Cameroun en proie à des violences séparatistes depuis cinq ans.
L’Association européenne des clubs de football, les observateurs internationaux et les médias ont exprimé dans des communiqués leurs préoccupations, d’une part, par rapport aux risques que la pandémie de Covid-19 fera peser sur ce grand rassemblement de joueurs et de responsables de la CAN au Cameroun et, d’autre part, quant à l’insécurité qui plane sur les deux régions anglophones, où des matchs sont programmés.
Plusieurs groupes armés séparatistes ont publiquement menacé de perturber la CAN si les autorités ne retirent pas les forces gouvernementales actuellement présentes dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest anglophone du Cameroun.
Citant son opposition à la tenue de la CAN, l’un de ces groupes séparatistes a revendiqué l’explosion d’une bombe qui avait blessé plusieurs personnes le 12 décembre dans un quartier très fréquenté de Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest.
« Depuis cette explosion, je fuis tous les lieux où il y a des regroupements de personnes. Je ne peux pas aller au stade pour suivre les matchs de la CAN car les séparatistes risquent de nous attaquer. Je vais suivre la compétition à la télé », a témoigné Pamela Ngum, résidente à Buea.
Dans un rapport publié le 22 décembre dernier, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a souligné que « les autorités camerounaises ont la responsabilité de protéger les équipes participantes, les responsables et les supporters, et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les attaques avant et pendant le tournoi de la CAN ».
« Elles devraient s’abstenir d’organiser des matchs dans des régions où elles ne peuvent pas garantir la sécurité des joueurs et des supporters », a prévenue HRW.
« J’ai regardé les lions gagner la finale 2017 contre l’Égypte au Cameroun avec mes amis camerounais. C’était top ! Cette année je regardais les matches à la télé. Et pas à cause du Covid-19 », mais à cause de la situation sécuritaire, a annoncé dans un tweet, Ilaria Allegrozzi, chercheuse à l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Pays organisateur de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2021, le Cameroun tient à assurer la sécurité du plus grand rendez-vous africain de football.
C’est dans cette optique que depuis quelques jours, l’armée mène l’opération « Shield » qui renferme une série d’exercices de simulation antiterroriste visant à répondre à d'éventuelles attaques pendant la compétition.
« Le but de cet exercice est de s’instruire et s'entraîner afin que les engagements opérationnels de demain ne soient qu’une répétition des exercices d’aujourd’hui », a fait savoir le ministre camerounais de la Défense, Joseph Beti Assomo, avant d’ajouter : « cette fête du football africain va se tenir dans un contexte marqué par un certain nombre de foyers de tensions. En raison de cet environnement, le Cameroun se doit d’être capable d’assurer la sécurité de tous ».
Selon le ministre de la Défense, au cours de cet exercice, l'armée simule une attaque visant un stade pendant un match de football et organise une opération de sauvetage.
Le Cameroun doit aussi relever le défi sanitaire de cette compétition surtout avec le nouveau variant Omicron.
Le variant « Omicron est un énorme challenge », avait toutefois souligné en décembre dernier à Yaoundé, le président de la Confédération africaine de football (CAF), M. Motsepe, qui avait assuré que « personne ne sera(it) admis dans les stades sans un test PCR », alors que les organisateurs avaient déjà annoncé l’obligation de vaccin et de test pour accéder aux stades.
Le président de la CAF avait également assuré être au courant de la prolifération des « faux tests » mais que l’organisation « traitait ces problèmes ».
Selon les autorités camerounaises, plusieurs mesures ont été prises pour rassurer les différentes sélections ainsi que les supporters.
« Les supporters ne pourront accéder aux stades dans lesquels se joueront les matchs que s'ils sont entièrement vaccinés et présentent un test PCR négatif de moins de 72 heures (ou un test antigénique négatif de moins de 24 heures) », a annoncé le ministre camerounais de la Santé, Dr Manaouda Malachie.
« Les autorités sanitaires compétentes prendront toutes les mesures nécessaires pour faciliter la vaccination et la réalisation des tests Covid-19, dans l'ensemble des villes de la compétition », a rassuré le ministre, ajoutant que la CAF va faire appel à un laboratoire internationalement reconnu (dans un souci de neutralité et de transparence) pour tester les joueurs des équipes nationales qualifiées et les membres d'encadrement.
Ces mesures sanitaires semblent toujours insuffisantes selon des organisations de défense des droits de l’homme.
« Les autorités devraient aussi prendre des mesures supplémentaires pour contenir la propagation du Covid-19, notamment en limitant le nombre de supporters assistant aux matchs, et en mettant en œuvre une politique de dépistage pour tous les participants, tout en apportant un soutien à ceux qui doivent s’isoler après un test positif », a plaidé le 22 décembre, l’ONG Human Rights Watch.
S’adressant aux Camerounais le 31 décembre dernier, le président Paul Biya a demandé à ses compatriotes à « se mobiliser massivement pour faire de la CAN 2021, la plus belle fête du football jamais organisée sur notre continent ».
Cette compétition sportive devant constituer « un grand moment de fraternité » non seulement pour les 24 sélections nationales qualifiées mais pour toute l’Afrique et au-delà.
Le Cameroun, « peuple uni et indomptable » selon Paul Biya est capable de révéler cet esprit combatif qui a, par le passé, permis de remporter de grandes batailles.
Dans ce contexte, « je ne saurais terminer sans demander à nos chers Lions indomptables, de donner le meilleur d’eux-mêmes, pour qu’au soir du 06 février 2022, cette fête se termine dans l’apothéose », a conclu le président camerounais.
Le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o a estimé que « le Cameroun a dépensé beaucoup d’argent pour organiser la CAN, cela fait des mois que les sélectionneurs travaillent sur la préparation, les joueurs ont hâte de disputer le tournoi, ça sera la plus belle des CAN jamais organisée ».
Il faut rappeler que le 21 septembre 2014, à Addis-Abeba, le Cameroun avait été désigné pays hôte de la CAN 2019. En janvier 2019, la CAF avait estimé que le pays des Lions indomptables n’était pas prêt pour accueillir la compétition et en avait attribué l’organisation, au pied levé, à l’Égypte. La CAN devait finalement se tenir au Cameroun en 2021 mais avait été repoussée d’un an en raison de l’épidémie de coronavirus.
D’après un député de l’opposition, plus de 3 000 milliards de francs CFA (4,5 milliards d’euros) auraient déjà été consentis dans l’organisation de l’événement, un chiffre que le gouvernement n’a pas confirmé.
Source : AA