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- Le 22 Novembre 2024
Depuis la promulgation samedi par Varsovie d’un nouveau texte sur les spoliations, Jérusalem multiplie les critiques. Et les deux pays limitent leurs relations.
C’est une brouille diplomatique sévère entre Varsovie et Jérusalem. La Pologne a rappelé lundi son ambassadeur en Israël, deux jours après un geste similaire des autorités israéliennes, outrées par une loi polonaise limitant les revendications sur les restitutions des biens juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
«La Pologne est devenue un pays antidémocratique et antilibéral qui ne respecte pas la plus grande tragédie de l’histoire humaine.» Yaïr Lapid, le chef de la diplomatie israélienne, n’avait pas mâché ses mots samedi, en qualifiant d’«antisémite» la loi à peine promulguée par le Président polonais Andrzej Duda.
«L’ambassadeur de Pologne en Israël restera jusqu’à nouvel ordre dans le pays [il se trouve actuellement en Pologne]», a précisé le ministre polonais des Affaires étrangères en réponse «aux déclarations inacceptables du ministre israélien». Varsovie a également précisé que «la décision sur le niveau permanent de la représentation diplomatique polonaise en Israël sera prise dans les prochains jours».
«En finir avec les mafias»
La loi promulguée samedi rend plus compliquée la restitution des biens juifs confisqués par les nazis, puis nationalisés par le régime communiste après la guerre. En 1989, après la chute du rideau de fer, les pays de l’Est avaient organisé la restitution des biens spoliés. A part la Pologne, qui a laissé chaque individu tenter sa chance devant les tribunaux. Le nouveau texte qui vient de passer impose dorénavant un délai de prescription de trente ans pour faire une réclamation, ce qui bloque de facto presque toutes les demandes des descendants des victimes de la Shoah.
Le Président Duda s’est justifié en expliquant que la loi permettait «d’en finir avec les mafias de reprivatisation». Dans un communiqué publié samedi, il expliquait que des groupes criminels prétendaient avoir détenu des biens spoliés et faisaient fortune en reprenant des propriétés qui ne leur ont jamais appartenu. Ainsi, en désirant mettre fin aux fraudes, le Président polonais a rendu presque impossible la restitution des biens. A son tour, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a qualifié la loi de «honteuse», en affirmant qu’elle montrait «un mépris pour la mémoire de l’Holocauste».
«Personne ne peut réécrire l’histoire»
Ce n’est pas la première fois que le sort des juifs polonais pendant la Seconde Guerre mondiale empoisonne les relations entre les deux pays. La Pologne a toujours refusé d’admettre toute responsabilité sur les crimes commis pendant l’occupation nazie. La droite nationaliste, au pouvoir depuis 2015 a décidé d’imposer un roman national qui nie toute collaboration des Polonais avec le Troisième Reich et instaure un mythe résistancialiste.
En 2018, le parlement de Varsovie a adopté un texte législatif qui criminalise le principe d’affirmer que la nation polonaise a participé à l’Holocauste. La loi avait provoqué l’ire d’Israël, le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu avait déclaré que «personne ne peut réécrire l’histoire». En février 2019, à cause d’une crise similaire, la Pologne s’était retirée d’une réunion du groupe de Visegrad à Jérusalem. Puis, en janvier 2020, le Président Andrzej Duda avait renoncé à participer au Forum Mondial de la Shoah.
Source: Liberation