a Russie a procédé à une «captation de pouvoir» en Centrafrique via les mercenaires de la force Wagner, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie française, estimant en revanche improbable une telle menace au Sahel.
«En République centrafricaine, par les mercenaires russes, il y a une forme de captation de pouvoir, et en particulier de pouvoir militaire, ce que nous combattons et ce qui nous amené à prendre des mesures de retrait d'un certain nombre de nos personnels militaires», a lancé Jean-Yves Le Drian sur la chaîne BFM TV.
La France a gelé son aide budgétaire à la Centrafrique et suspendu sa coopération militaire avec cet État d'Afrique centrale, qu'elle juge «complice» d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.
«En République centrafricaine, les milices sont là, elles encadrent le président (Faustin Archange) Touadéra et elles se servent sur la bête dans les richesses du pays», a accusé le ministre français des Affaires étrangères.
Pour autant, le même phénomène n'est pas perceptible au Sahel, selon Paris. «Je ne crois pas que ce soit un danger», a relevé Jean-Yves Le Drian, ajoutant ne pas déceler, «pour l'instant», une «grande pénétration» russe.
Les inquiétudes concernent notamment le colonel Assimi Goïta, chef de file de la junte à l'origine d'un double putsch ces derniers mois au Mali et formé en Russie.
«C'est pas parce qu'il a été formé, que certains ont été formés à Moscou qu'ils sont aujourd'hui alignés sur Moscou», a répliqué le chef de la diplomatie française.
La France dénonce en revanche une campagne antifrançaise au Sahel, notamment sur les réseaux sociaux, alimentée en partie selon elle par des groupes se réclamant de la Russie.
«Ce qui est certain (..) c'est que les pays membres du G5 Sahel en particulier, ce qu'on appelle aussi la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), sont extrêmement vigilants sur leur volonté de souveraineté et sur les précautions qu'ils prennent à l'égard de tiers», a poursuivi le ministre.
Au Sahel, à la différence de la Centrafrique, «il n’y a pas de diamants, pas de ressources naturelles sur lesquelles on peut financer l'effort de guerre», relève également une source diplomatique.
La France est intervenue de 2013 à 2016 (opération Sangaris) en Centrafrique pour y faire cesser les violences intercommununautaires.
La Russie a opéré depuis une entrée remarquée dans cet ancien «pré carré» français en livrant des armes aux Forces armées centrafricaines (Faca) et en dépêchant des centaines de paramilitaires.
La Centrafrique, pays de 4,5 millions d'habitants classé parmi les plus pauvres du monde, a basculé dans la violence et le chaos en 2013, après le renversement du président François Bozizé par la rébellion de la Séléka.
Dans ce pays où l'État ne contrôle qu'une maigre partie du territoire, les groupes armés s'affrontent pour le contrôle des ressources (diamant, or, bétail...)
Source : journal de montreal