Des analystes politiques palestiniens estiment que l'escalade militaire dans la Bande de Gaza se développera dans les prochaines heures mais qu'il est peu probable qu'elle se transforme en une guerre à grande échelle
Des analystes politiques palestiniens estiment que l'escalade militaire actuelle dans la Bande de Gaza pourrait évoluer, au cours des prochaines heures, selon la nature de la réaction israélienne aux tirs de roquettes lancés par les factions de la Résistance palestinienne.
Toutefois, soulignent ces analystes dans des entretiens accordés à AA, il est peu probable que l'escalade se transforme en une guerre ouverte et à grande échelle, compte tenu, notamment, de l'absence de volonté, aussi bien des factions de la Résistance que d'Israël de s’engager dans cette escalade.
Lundi soir, la Résistance palestinienne a lancé des dizaines de roquettes à l'endroit d'Israël, en réaction aux agressions de Tel-Aviv contre la ville de Jérusalem. La voiture d'un Israélien a été touchée par une roquette anti-bouclier lancée depuis la Bande de Gaza, selon l'armée de l'Occupation.
Cette escalade intervient après la fin d l'ultimatum accordé par la Résistance palestinienne à Israël pour retirer ses soldats de la mosquée Al-Aqsa et du quartier de Sheikh Jarrah dans la ville occupée de Jérusalem et pour libérer les prisonniers. Cet ultimatum a été fixé à lundi à 18h.
Depuis le début du mois du Ramadan, la ville de Jérusalem est le théâtre d'agressions et d’exactions commises par les forces de la police israélienne et par des colons dans la zone de Bab el-Amoud, du quartier de Sheikh Jarrah et dans le périmètre de la mosquée Al-Aqsa.
Une forte frappe
Wadia’ Abou Nassar, analyste politique et spécialiste des Affaires israéliennes, a indiqué qu'il n’exclut pas qu’Israël lance une sévère frappe contre la Bande de Gaza en réaction au lancement des roquettes.
Il a ajouté qu'il prévoit un « enlisement de la situation militaire qui pourrait se poursuivre pendant plusieurs jours, en dépit des efforts déployés par les médiateurs pour contenir la situation ».
Abou Nassar a relevé que cette escalade sera exploitée par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu au plan politique pour entraver les efforts de formation du gouvernement israélien.
Le spécialiste a, dans le même cadre, indiqué que la principale interrogation s'articule autour des « aboutissements de la situation dans la ville de Jérusalem après la fin de cette escalade et sur la possibilité d’un retour au statu quo ou à la situation précédente ».
Il a souligné qu'il est « difficile que les Palestiniens réussissent à fructifier et à transformer les événements de Jérusalem en un acquis stratégique ».
Importants défis
De son côté, Mustapha Ibrahim, analyste politique palestinien, a souligné que l'escalade à Gaza est « tributaire d’une série de défis imposés par la nature de la réaction israélienne ».
« Si la réponse israélienne sera violente en ciblant des installations civiles et en faisant des martyrs, il est tout à fait naturel que la Résistance ne restera pas les bras croisés et qu’elle répondra à l’aune de l'évaluation militaire qu'elle fera de la situation ».
Le fait que des martyrs tombent du côté palestinien, a-t-il poursuivi, va contraindre la Résistance à réagir, ce qui pourrait aboutir à une intensification de l'escalade et à la prolongation de sa durée ».
Ibrahim pense que la « réaction israélienne sera limitée, circonscrite et calculée, en considérant la présence de l'administration du nouveau président américain, Joe Biden, qui pourrait fixer certaines balises et limites à Netanyahu ».
L'analyse palestinien a ajouté que « le lancement de roquettes est intervenu au titre de soutien au soulèvement dans la ville de Jérusalem et contre les agressions israéliennes ».
L'équation de la coercition
A son tour, Hani Akkad, analyste politique, a prévu qu'Israël mènera des frappes sévères contre la Bande de Gaza et pourra exécuter des assassinats ciblés de personnalités de premier plan dans les rangs des factions de la Résistance pour réaliser l'équation de la coercition ».
Dans un entretien accordé à Anadolu, Akkad a estimé que la « Résistance a embarrassé Israël en le plaçant dans la case du perdant à travers le nombre et les caractéristiques des missiles et roquettes tirés au cours des dernières heures ».
L'analyste politique a considéré la première frappe militaire de la Résistance en direction de Jérusalem comme « importante et intelligente, et traduit une profonde compréhension de la nature de l'affrontement ».
L'opération militaire évolue actuellement selon une équation de réaction et de contre-réaction de la Résistance palestinienne à l’endroit des attaques israéliennes. Plus les attaques israéliennes se multiplient et plus la bataille deviendra féroce ».
Israël a approuvé une frappe qui pourrait ne pas être contenue rapidement, selon ses estimations, qu'en cas d'intervention des médiateurs pour garantir un retour de la situation au stade d'avant l'escalade.
Cependant, le retour au calme, selon lui, est « peu probable dans la mesure où Israël n'acceptera pas de sortir de ce round perdant et sans redorer son blason ».
La responsabilité d'Israël
Charhabil al-Gharib, analyste politique palestinien, a souligné que c'est l'Etat hébreu qui a allumé l'étincelle de cette bataille, à cause de ses crimes commis à l'endroit des habitants de Jérusalem, et des provocations des sentiments des musulmans ».
Dans une déclaration accordée à AA, l'analyste a ajouté que la « Résistance à Gaza s'est mobilisée pour mettre un terme aux pratiques israéliennes et aux exactions de l’Etat hébreu, qui ont dépassé toutes les limites sans prendre en considération aucune dimension ni limite ».
La réaction de la Résistance est intervenue également sous forme de message adressé aux habitants de Jérusalem et de la Cisjordanie, qui stipule que la Palestine est une et indivisible, que l'ennemi est commun et que la Résistance a assumé ses responsabilités pour réagir à toute violation israélienne des droits des citoyens palestiniens, où qu'ils soient ».
L'analyste politique estime que « la nature de la réaction israélienne contre le lancement de roquettes déterminera les contours et la durée de l’actuel round militaire ».
Il prévoit que « la situation sur le terrain à Gaza s'oriente vers une large escalade militaire ».
Et Al-Gharib de conclure : « Nous faisons face à une confrontation qui pourrait durer plusieurs jours après l'échec de toutes les médiations visant à stopper les exactions israéliennes commises dans la ville de Jérusalem et dans la sainte Mosquée Al-Aqsa ».
Source : AA