Mechichi joue sa dernière carte avec le FMI et la BM. Si la délégation qui sera dépêchée, début mai, à Washington réussira, à l’issue de sa plaidoirie, à convaincre les institutions de Bretton Woods, quant au sérieux et la teneur des réformes économiques entamées par le gouvernement, il sauvera sa place à la Kasbah. Si la délégation échouera dans son entreprise, c’en sera fini des prétentions du gouvernement Mechichi de rester au pouvoir.
On s’en doutait. Pour avoir trop retardé l’échéance, quant à négocier un nouveau programme de crédit avec le FMI, Mechcichi s’est mis dans de beaux draps, de l’avis même de Marouane Abassi, le gouverneur de la BCT.
En prenant parti pour Rached Ghannouchi dans sa guéguerre institutionnelle et constitutionnelle contre le Président de la République Kais Saied, le chef de gouvernement a non seulement perdu beaucoup de temps mais s’est trompé surtout d’objectif au point de compromettre son avenir.
Genèse d’une descente aux enfers !
Qu’est-ce que les dirigeants au pouvoir depuis 2011 ont fait pour la Tunisie ? Que des intrigues et des compromissions menées sous couvert d’une démocratie qui s’est avérée, finalement, de pacotille.
Leur avidité de pouvoir et leur démission des affaires publiques et de tout ce qui touche aux aspects économiques et sociaux s’illustrent à travers leur tentative d’aliéner l’Administration à leur volonté, ce qui a fini par accabler l’une des institutions phares du pays.
Les nominations partisanes, effectuées à une cadence régulière par le parti Ennahdha, ont pourri l’atmosphère dans le pays. Les sit-in et les grèves étant les seuls moyens à travers lesquels la population pouvait exprimer sa colère, ces mouvements se sont poursuivis au fur et à mesure de la fuite en avant des gouvernants.
Résultat des courses : l’activité économique, qui pâtissait déjà du blocage de la production dans le bassin minier et dans les champs pétroliers du sud, a dangereusement décéléré. La croissance ralentit et, dans le même temps, les besoins de financement de l’Etat évoluent.
Le recours aux donateurs étrangers, principalement le FMI, était devenue, dès lors, incontournable. Cette institution fait son retour en Tunisie en 2016 et, faute d’alternative, le gouvernement Chahed se comporte à son égard comme dirais-je : « Je suis à toi comme les sardines sont à l’huile ».
Mais non pas pour longtemps. Une fois que la Tunisie a commencé à recevoir, subséquemment, des tranches du crédit du FMI, d’une valeur totale de 2,8 milliards de dollars, pour un programme sur quatre ans, au titre du Mécanisme Élargi de Crédit, le gouvernement Chahed fait fausse route.
Il ne tient pas ses engagements de réformes économiques : il ne compresse pas la masse salariale de la fonction publique, et ne réduit pas le nombre des entreprises publiques, comme établi dans l’accord avec le FMI.
La sentence de l’institution est expéditive : elle suspend la dernière tranche du crédit (1,2 milliard de dollars) et renvoie le gouvernement Fakhfakh, qui avait pris le relais, à ses études.
Qu’en sera-t-il cette fois-ci avec Mechichi ?
Même si le chef de gouvernement a perdu beaucoup de temps pour entamer les négociations avec les dirigeants du FMI, nous sommes persuadés que sa quête a de fortes chances d’aboutir.
Primo, Mechichi a fait amende honorable envers le FMI en mettant à exécution le plan de réformes. La levée des subventions sur les carburants est, actuellement, sur la bonne voie. Les Tunisiens auront, désormais, droit à un ajustement des prix des produits pétroliers tous les mois.
Parallèlement, il y a eu la libéralisation de trois boissons chaudes dans les cafés (sic) sans oublier l’autorisation accordée aux grandes surfaces de vendre les cigarettes au public.
Bientôt, il sera procédé, également, à la levée des subventions sur des produits de base, comme nous l’avions mentionné dans un précédent numéro. En attendant la question épineuse de la masse salariale de la fonction publique que Mechichi évite, pour l’heure, d’aborder, craignant la réaction de la Centrale syndicale et celle de la rue.
Secundo, le FMI, qui reste profondément américain -les Etats-Unis d’Amérique étant le principal pourvoyeur de capitaux de l’institution- a tout intérêt à ce que la transition démocratique en Tunisie réussisse afin de ne pas discréditer l’Oncle Sam, l’instigateur du printemps arabe !
Reste à savoir maintenant comment les dirigeants du FMI réagiront par rapport à l’absence des représentants de l’UGTT parmi la délégation tunisienne qui se rendra à Washington, eux qui ont exigé la présence de toutes les parties prenantes, y compris l’organisation ouvrière ?
Source : Webdo