La Fédération de Russie continue d’aggraver le conflit armé international russo-ukrainien, augmentant activement sa présence militaire dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine et dans les régions adjacentes de la Russie, augmentant le nombre de violations du cessez-le-feu sur la ligne de démarcation dans la zone de conflit du Donbass.
Les dirigeants de la Fédération de Russie tentent d’aboutir à la capitulation de l’Ukraine, sa subordination complète à Moscou, la reconnaissance par l’Occident de la soi-disante «nouvelle Yalta», alors que l’Ukraine et tout l’espace post-soviétique seront une zone de influence et de domination exclusives de la Russie.
Les experts internationaux notent que V. Poutine prévoit d’obtenir ce qu’il a réalisé depuis février 2015 avec «le projet ORDLO» et les Accords de Minsk dans son interprétation. A savoir, que Kyiv change la législation, la Constitution, et aussi légalise dans le domaine juridique la pseudo-république de deux corps d’armée avec le soutien des services spéciaux russes.
Une autre escaladede la situation autour de l’Ukraine par la Russie se produit dans le contexte d’une baisse continue et à long terme du niveau de vie et d’un mécontentement croissant à l’approche de la grande campagne électorale en Russie (élections législatives du 19 septembre 2021), qui se traduira par la formation d’un parlement au cours des activités duquel l’élection présidentielle russe se déroulera.
La Fédération de Russie est en train d’achever la préparation d’un ensemble de mesures visant à encourager l’Ukraine à répondre militairement aux actions hostiles de la Russie sur la ligne du conflit dans l’est de l’Ukraine, en élargissant la présence russe militaire sur le territoire de la soi-disante «DNR» et «LNR» en raison de l’introduction supplémentaire d’unités régulières des forces armées de la Fédération de Russie, citant la nécessité de protéger les citoyens russophones dans les républiques autoproclamées.
Le ministre ukrainien de la Défense a déclaré samedi dernier que son pays pourrait être provoqué via une aggravation par la Russie du conflit dans la région du Donbass, en Ukraine, théâtre d'un regain de tensions entre l’armée gouvernementale et les séparatistes prorusses. Le ministre, Andrii Taran, a déclaré que les accusations russes de violation des droits des russophones pourraient être une raison de reprise de l’agression armée contre l'Ukraine. Dans le même temps, il convient de noter que «l’intensification de l’agression armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine n’est possible que si une décision politique appropriée est prise au plus haut niveau du Kremlin», a-t-il déclaré dans un communiqué.
En outre, la Russie accumule progressivement des troupes près de la frontière ukrainienne au nord, à l’est et au sud en vue du prochain exercice stratégique conjoint «Ouest 2021». Le groupe indépendant «Conflict Intelligence Team» (CIT) a établi un nouveau camp militaire près du terrain d’entraînement militaire de «Pogonovo» dans la région de Voronej en Fédération de Russie, où une grande partie des troupes déployées à l’ouest et au sud de la Russie ont été déchargées.
La concentration des troupes russes près des frontières de l’Ukraine y demeure sans précédent depuis 2014 et rappelle également le comportement du Kremlin à la veille de la guerre russo-géorgienne de 2008. Le territoire de la Géorgie était constamment bombardé depuis des positions contrôlées par le gouvernement fantoche d’Ossétie du Sud. Moscou parlait constamment de l’insuffisance des dirigeants géorgiens, de leur volonté de résoudre le problème par la force et de la menace de guerre.
Il est intéressant de noter que les organes de l’administration de l’occupation sur les territoires temporairement occupés dans «DLR» ont publié le soi-disant «décret» sur la conscription des résidents des territoires temporairement occupés au service militaire à partir du 1er avril 2021. Les autorités locales occupantes, ainsi que le «commissariat militaire», ont été chargés de prendre des mesures de conscription. Ils prévoient de recruter au «service» 200 jeunes. Ceux qui ne veulent pas rejoindre les rangs des groupes armés illégaux s’exposent à des amendes de 200 000 roubles (environ 2 500 dollars) et même à une peine d’emprisonnement de deux ans.
La communauté internationale s’en mêle
Depuis 2014, la France et l’Allemagne se positionnent en tant que médiateurs du conflit. Les deux pays ont réaffirmé récemment leur soutien à l’Ukraine. Ils l’incitent à ne pas surenchérir et tentent de calmer le jeu avec la Russie. Angela Merkel, chancelière allemande, s’est récemment entretenue avec V. Poutine. Alors que l’Ukraine et les Occidentaux pointent du doigt la responsabilité de Moscou et des séparatistes, V. Poutine s’est défendu. D’après le Kremlin, il aurait insisté sur la responsabilité de Kyiv «dont les provocations visent ces derniers temps à aggraver volontairement la situation sur la ligne de contact». La conclusion de cette conversation est que Poutine et Merkel appellent à l’activation du processus de négociations.
Les Etats-Unis ont également assuré leur soutien à l’Ukraine. Jeudi dernier, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé que les Etats-Unis étaient de plus en plus inquiets par la présence progressive grandissante de troupes russes à la frontière ukrainienne et en Crimée.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken ainsi que ses homologues français et allemands ont appelé la Russie vendredi dernier de mettre un terme à l’accumulation de troupes et ont réaffirmé leur soutien à Kyiv dans sa confrontation avec Moscou.
L’Ukraine a également exclu vendredi dernier la possibilité de toute offensive militaire contre les séparatistes. «La libération par la force des territoires temporairement occupés conduira inévitablement à de nombreuses pertes civiles et militaires, ce qui est inacceptable pour l’Ukraine», a déclaré le général Rouslan Khomchak. Dans un communiqué publié sur Facebook, il a souligné que Kyiv soutient une solution «politique et diplomatique» pour récupérer les territoires qui lui échappent depuis le début de ce conflit en 2014.
K.S pour Maghreb Aujourd'hui