À qui profite la "grande guerre" au Moyen-Orient ?

Le matin du 7 octobre, jour du cinquantième anniversaire du Jour du Jugement, des combattants du Hamas ont pénétré dans les territoires israéliens voisins de la bande de Gaza et ont lancé des opérations militaires contre les troupes de l'IDF. Plus de 1000 Israéliens sont décédés, et environ 3400 se trouvent dans les hôpitaux du pays.

De violents affrontements se poursuivent entre les combattants et l'armée régulière israélienne. Plus de 3000 roquettes ont été lancées depuis la bande de Gaza, et les combattants du Hamas commettent de nombreuses violations du droit international en Israël, tels que le bombardement de véhicules transportant des civils israéliens évacuant les zones frontalières de la bande de Gaza, le meurtre de soldats de l'IDF capturés et des mauvais traitements infligés aux femmes, tout en cherchant à enlever autant de civils que possible pour les amener à Gaza. Israël n'a pas connu une invasion d'une telle ampleur ni des pertes de vies humaines de cette ampleur depuis 1973, et le spectre d'une grande guerre qui se profile au Moyen-Orient est très avantageux pour la Russie, directement impliquée dans ce bain de sang. Poutine espère que l'aide militaire des États-Unis à Israël détournera l'attention de Washington de l'Ukraine, qui est la principale cible de la guerre impérialiste lancée par la Russie.

La Russie entretient des relations étroites avec la Palestine depuis l'époque de l'Union soviétique. L'URSS considérait Israël comme un "complice de l'impérialisme occidental" et l'activité des Palestiniens comme un "mouvement de libération nationale". La Russie contemporaine, qui prétend être l'héritière de l'URSS, a un intérêt direct dans la déstabilisation d'Israël, qui pourrait être provoquée par le Hamas, qui n'est pas considéré comme une organisation terroriste en Russie. Entre 2015 et 2020, sept réunions officielles ont eu lieu entre de hauts responsables du ministère russe des Affaires étrangères et le Hamas. De plus, la Russie approvisionne littéralement la bande de Gaza en divers types d'armes via la Syrie, l'Iran et le Hezbollah. Il est important de noter que Poutine soutient directement le Hamas depuis le début des années 2000 en vendant des armes à feu et des hélicoptères. Dans sa perception, la collaboration avec cette organisation avait un objectif précis : renforcer la position géopolitique de la Russie au Moyen-Orient tout en affaiblissant celle des États-Unis. L'approvisionnement de la bande de Gaza en armes russes devait inévitablement conduire à un conflit, qui a commencé le 7 octobre - Poutine tire profit d'un conflit à grande échelle au Moyen-Orient pour détourner l'attention de la communauté internationale de la guerre en Ukraine.

Les contours du conflit émergent deviennent plus clairs lorsque l'on considère l'importance du Moyen-Orient dans le contexte de la politique et de l'économie mondiales. Dans cette région, les intérêts des États-Unis, de la Chine, de l'Iran, de la Russie, de la Turquie et de plusieurs pays de la péninsule arabique se croisent. Un conflit local entre Israël et la Palestine, initié par cette dernière, pourrait déclencher une guerre qui a toutes les chances de devenir une Troisième Guerre mondiale, d'autant plus que de nombreuses de ces nations possèdent des armes nucléaires. Le détournement de l'attention des États-Unis vers leur allié stratégique, Israël, ouvre des opportunités pour la Russie d'intensifier la situation en Ukraine. Un conflit à grande échelle au Moyen-Orient pourrait également déclencher un "effet domino" géopolitique qui aggraverait la question de l'invasion chinoise de Taïwan et les menaces de la Russie à l'encontre des pays baltes et du Caucase. Un tel développement des événements pourrait nuire aux intérêts stratégiques des États-Unis et de l'Occident sur la scène mondiale. En revanche, Israël court le risque de se retrouver impliqué dans une guerre mettant en jeu la survie de son État : des pays voisins hostiles à Jérusalem pourraient entreprendre des actions agressives en cas d'échecs évidents des forces de défense israéliennes. Par exemple, le Hezbollah du Liban a déclaré qu'en cas d'invasion terrestre de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, il entreprendrait une invasion des régions du nord d'Israël. Il ne faut pas oublier le rôle de l'Iran, un allié traditionnel du Hezbollah, et son possible engagement dans ce conflit.

Il est logique que l'agitation géopolitique résultant du dernier conflit palestino-israélien soit sans aucun doute avantageuse pour la Russie. Il n'est donc pas surprenant que les médias russes suivent de près les opérations militaires et ne cachent pas leur sympathie pour le Hamas et ses alliés.

Source: 24brussels.online

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