Kaïs Saïed : "les diktats du FMI sont inacceptables"

Le président tunisien Kaïs Saïed a affirmé, jeudi, que "les diktats du Fonds monétaire international (FMI) sont inacceptables".

C’est ce qui ressort de ses déclarations à la presse en marge d'une cérémonie organisée à Monastir (centre-est), à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du père de l'indépendance tunisienne, l’ancien président feu Habib Bourguiba (1956-1987).

La Tunisie est engluée dans une grave crise économique et financière. Le pays souffre également d'un déficit budgétaire et commercial chronique et d'une dévaluation continue de sa monnaie par rapport au dollar et à l'euro.

La note souveraine de la Tunisie a été abaissée au rang de « risque élevé » par l’agence de notation Moody’s, qui évoque un « risque de défaut de paiement de la dette ».

Les autorités tunisiennes négocient depuis plusieurs mois avec le FMI pour obtenir un prêt de 1,9 milliard de dollars. Cependant, les discussions entre les deux parties sont au point mort depuis un accord de principe annoncé mi-octobre. L’institution financière internationale exige de Tunis des réformes économiques et la levée des subventions sur certains produits de base.

« Pour ce qui est du FMI, les diktats provenant de l'étranger et qui engendrent davantage d'appauvrissement sont inacceptables », a déclaré Saïed. Selon le chef de l’État, l'alternative consiste à « compter sur nous-mêmes ».

Et Saïed d’ajouter : « Il faut trouver d'autres alternatives car la paix sociale n'est pas un jeu et ne peut être prise à la légère ». Le locataire du Palais de Carthage a rappelé à cet égard, les « émeutes du pain » sous le régime de Bourguiba, déclenchées en décembre 1983 après la décision des autorités tunisiennes de supprimer la subvention sur les produits céréaliers.

Interrogé sur une éventuelle candidature à sa propre succession lors de la présidentielle prévue en 2024, Saïed est resté évasif : « Il est trop tôt pour se prononcer sur le sujet (…) Je ne suis pas en concurrence avec quiconque, j'ai une responsabilité à assumer et je ne compte pas y renoncer ».

« Il va sans dire qu'il y aura des élections et le peuple fera son choix mais l'idée de me porter de nouveau candidat ne me hante pas. Il viendra le jour où je transmettrai le flambeau à celui que le peuple tunisien choisira après moi », a-t-il souligné.

La Tunisie traverse une crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Kaïs Saïed a imposé des mesures d’exception.

Des partis politiques tunisiens considèrent les mesures d’exception de Saïed comme étant un « coup d'Etat contre la Constitution de 2014 et une consécration du pouvoir autocratique », tandis que d'autres formations politiques estiment qu'il s'agit d'une « restauration » du processus révolutionnaire de 2011, qui avait fait chuter le pouvoir de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions relatives aux mesures d'exception, ont été prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État « d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.

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