Tunisie : A la rencontre d'une cheffe de projet apicole spécialisée dans l'extraction de l'apitoxine

Héla Boubaker, 26 ans, est la première femme arabe à extraire l'apitoxine, ou venin d'abeille, à l'aide d'une machine qu'elle a créée en septembre 2019.

L'apiculture est une pratique millénaire qui consiste à élever des abeilles pour collecter leur miel et leurs autres produits utiles. C'est une activité qui a une grande importance économique, sociale et environnementale dans de nombreuses régions du monde. Elle peut être pratiquée à petite échelle par des particuliers ou à grande échelle par des professionnels, mais elle nécessite toujours une connaissance approfondie des abeilles et de leur comportement.

Cette pratique a également une grande importance écologique car les abeilles jouent un rôle crucial dans la pollinisation de nombreuses cultures et plantes sauvages. Malheureusement, les populations d'abeilles sont confrontées à de nombreux défis tels que les maladies, les pesticides, la perte d'habitat et le changement climatique, ce qui rend l'apiculture plus difficile et plus importante que jamais.

Héla Boubaker, une jeune tunisienne âgée de 26 ans et originaire de Gafsa (Sud-ouest) a plongé dans le monde des abeilles il y a environ 6 ans. Elle n'est ni étudiante en agriculture ni issue d'une famille d'agriculteurs, mais pour elle tout a commencé en 2017 quand elle a découvert qu'elle était allergique à l'apitoxine, ou venin d'abeille, et décidé d'en faire un défi et un projet.

Elle est la première femme arabe à extraire le venin d'abeille à l'aide d'une machine qu'elle a créée en septembre 2019, avec son fiancé, avant d'accompagner l'ami de son père - qui élève beaucoup d'abeilles- dans un congrès à Nabeul (Nord-est) ayant eu lieu au mois de décembre de la même année, dans le but de comprendre davantage le monde de ces précieux insectes, raconte-t-elle à Anadolu.

L’apitoxine est un liquide incolore et amer composé d'un mélange actif de protéines qui cause une inflammation locale et agit comme anticoagulant. Une abeille peut injecter 0,1 mg de venin avec son dard. Ce venin pourrait avoir des ressemblances avec la toxine des méduses.

"Au congrès de Nabeul, j'ai rencontré d'importants docteurs en apiculture qui m'ont honorée pour la création de ma machine qui extrayait au début 0,01 grammes", a-t-elle fait savoir, ajoutant qu'elle a, depuis, appris à préparer des recettes pour faire des produits cosmétiques naturels moyennant d'autres extraits d'abeilles dont le propolis (Gomme résineuse que les abeilles recueillent sur les bourgeons de certains arbres), en attendant d'en faire à partir du venin.

A partir de l'apitoxine, on peut créer des huiles et des crèmes bio pour le rhumatisme, le vitiligo, selon Héla qui rêve d'innover encore plus dans ce monde qui la fascine. Elle regrette, cependant, le fait que son idée ait été volée une fois : "J'ai présenté tous les papiers nécessaires pour obtenir le brevet que j'attends toujours depuis l'étranger. Mon projet et mes études me coûtent énormément cher et je voudrais appeler, à cette occasion, le gouvernement à aider les jeunes", a-t-elle expliqué.

Diplômée en protection de l'environnement à Tunis, Héla a poursuivi une formation en ligne en apiculture organisée par la faculté d'Agriculture d'Irak et a concrétisé son rêve à partir d'un crédit bancaire. Elle a, en ce moment, envie d'approfondir ses connaissances et de se spécialiser dans l'apitoxine. C'est grâce aux conseils de son père qui l'incite depuis toute petite à devenir entrepreneure directement après la faculté, que Héla est aujourd'hui cheffe de projet, même si elle appartient à une famille à revenu moyen.

"Ma relation avec mes abeilles est semblable de celle entre une mère et ses enfants. Je comprends mes abeilles et quand elles tombent malades c'est moi qui me sens souffrante. Nous avons tissé un lien qui se renforce au fil du temps", a fait savoir Héla qui a, en effet, perdu toutes ses abeilles en date du 19 février 2021 et a eu l'impression que toute sa vie s'était effondrée devant ses yeux et qu'elle repartait de zéro, selon ses dires.

En conclusion, l'apiculture est une pratique qui requiert des compétences et des connaissances pour assurer la santé et la productivité des abeilles. La cheffe de projet spécialisée dans l'apitoxine est un exemple de l'importance de l'expertise dans ce domaine et son travail consistant à collecter et à utiliser l'apitoxine dans divers produits montre l'étendue des avantages que nous pouvons tirer des abeilles.

Source : AA

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