La tournée africaine du président français Emmanuel Macron, qu'il a entreprise avec une nouvelle approche, n'a pas permis de livrer le "renouveau" promis dans les relations avec le continent.
La tournée, qui comprenait 4 pays, le Gabon, l'Angola, la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC), a une nouvelle fois mis en avant les dynamiques qui régulent les relations du continent avec la France.
Tandis que le président français, lors de la première étape de sa tournée, au Gabon, a déclaré que la période de la "Françafrique est maintenant terminée", les experts pensent que cette déclaration ne reflète pas la vérité.
Anadolu (AA) a interrogé des experts et des représentants de mouvements de la société civile en Afrique sur la visite de Macron, et sur la nouvelle initiative africaine de la France.
- "À la fois condescendant et très paternaliste dans la description, la forme et le contenu"
L'activiste Cheikh Fall, qui avait critiqué Macron lors de la session tenue avec des jeunes du continent à l'occasion du 28e "Sommet Afrique-France" qui s'est tenu à Montpellier, en 2021, a déclaré que la France regarde toujours l'Afrique avec un œil méprisant.
Il souligne avant tout que le changement de la politique africaine de la France a été déclaré unilatéralement.
"Cela aurait eu du sens si Macron avait déclaré que l'ère de la Françafrique est terminée", non pas au début de sa tournée, mais à la fin, après les rencontres avec des dirigeants africains, a-t-il estimé. Ses déclarations sont à la fois condescendantes et très paternalistes, dans la description, la forme et le contenu. Ce n'est pas une question qui dépend seulement de la France".
Fall, qui est également le fondateur du mouvement civique "AfricTivistes", a souligné que Macron était obligé de faire cette tournée en raison des appels croissants à l'indépendance totale du continent.
- "Seuls les Africains francophones peuvent mettre fin à la Françafrique"
Egountchi Behanzin, fondateur et président de la Black African Defence Association (LDNA), a de son côté affirmé que seuls les Africains peuvent mettre fin à "l'ère de la Françafrique".
"Si la France a changé sa politique africaine comme elle le prétend, pourquoi les pays d'Afrique de l'Ouest utilisent-ils encore le franc CFA ? Pourquoi Macron s'oppose-t-il fermement au rapprochement de la Russie et des pays africains ? Seuls les Africains francophones peuvent mettre fin à la Françafrique", a-t-il soutenu.
Rappelant que la France sait que son avenir est en Afrique, mais qu'elle ne retrouvera jamais son ancien statut sur le continent en raison du renforcement des mouvements panafricains, Behanzin a déclaré que les Africains sont désormais prêts à "expulser" la France.
- "L'opposition anti-française est très forte sur le continent"
Abdennour Toumi, chercheur au Centre d'études sur le Moyen-Orient (ORSAM), expert en relations internationales, a noté que quoi qu'en dise Macron, la France considère toujours l'Afrique comme son "arrière-cour".
Toumi a décrit la visite de Macron en Afrique comme un "fiasco complet" et a fait les évaluations suivantes :
"Paris devrait revoir sa politique africaine, car désormais sur le continent, l'opposition anti-française est très forte. La jeunesse africaine a aujourd'hui la possibilité de choisir d'autres partenaires, pas seulement dépendants de la France. La France est très mal à l'aise avec la présence de la Russie, de la Chine, et même de la Türkiye sur le continent. Il semble que Paris soit en état de panique face à son image de plus en plus dégradée sur le continent. C'est pourquoi cette tourné de Macron a été extrêmement infructueuse".
Source : AA