La seule sensation que provoque, désormais, chez nous, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie, c’est sa faculté à faire sortir de son mutisme la communauté financière et économique.
La dégradation du rating de la Tunisie est entrée dans les mœurs et est devenu quelque chose de banal au même titre que sa perception par le grand public. Et nous ne disons pas ça par mauvaise conscience et un je-m’en-foutisme de mauvais égard.
La seule qui réagit à ces ratings, qui s’accommodent, à l’envi, de bulletins scolaires, c’est la communauté financière et économique.
En effet, à chaque dégradation, celle-ci rivalise d’analyses quant aux dangers de défaut de paiement qui pèsent sur la Tunisie.
Des propos qu’on entend à longueur de journée et qui n’apportent pas de solutions au climat délétère qui est le nôtre actuellement. A croire que les ratings des agences de notations sont devenus pour cette communauté un amuse-gueule ou un amuse-galerie.
C’est un secret de polichinelle : les rapports des agences de notation se confondent, le plus souvent, dans des clichés systémiques qui sont propres aux sciences exactes.
Or, que je sache, la finance autant que l’économie ne sont pas des sciences exactes. Pourquoi vouloir, alors, leur correspondre des aptitudes qui ne sont pas les leurs ?
Il ne faut pas se le cacher : les agences de notation, le FMI et les pays donateurs ont toujours formé un système compact, financier en apparence, mais hautement politisé dans les faits.
Nous pensons que le dépaysement financier dont nous sommes victimes a pour origine notre refus de normaliser avec l’entité sioniste, comme l’ont fait d’autres pays arabes.
Par ailleurs, le dossier des libertés individuelles est considéré, au même titre, par les Etats-Unis comme une forme de pression sur le régime pour l’assujettir à son bon-vouloir sur la question de la normalisation avec l’Etat hébreu.
La question qui se pose et s’impose : comment devra-t-on s’y prendre face à ces pressions qui viennent de l’extérieur ? La soumission ou la confrontation ? Je vous laisse le temps de la réflexion.
Pour rappel, depuis 2013, l'agence de notation financière Moody's ne cesse d’abaisser la note de la dette souveraine de la Tunisie.
L'agence avait abaissé la note de la Tunisie par trois fois en 2013 en plaçant le pays dans la catégorie spéculative ("Ba1") puis en accentuant ce jugement ("Ba2") avant d’abaisser la note à "Ba3", invoquant alors "l'incertitude politique et la polarisation grandissante" qui règnent depuis la révolution de janvier 2011.
Depuis, les notations se suivent et se ressemblent jusqu’à octobre 2021 lorsque Moody’s abaisse la note de la Tunisie à "Caa1". Puis en janvier 2023, cette note passe à "Caa2" avec perspectives négatives
Moody’s souligne qu’un nouveau programme du FMI n'a pas encore été mis en place, bien qu'un accord ait été conclu en octobre 2022, ce qui aggrave une situation de financement déjà difficile.
Source : Webdo