Guerre en Ukraine : la livraison de chars Leopard divise les Occidentaux (Synthèse)

Alors que les Occidentaux demeurent unanimes concernant la poursuite de livraisons d’armes à l’Ukraine pour défendre son territoire contre l’offensive russe, lancée depuis bientôt une année, l’ampleur et la portée de cet appui suscite un large débat, depuis l’annonce par la France, début janvier, de livraison de chars de combat légers AMX-10 RC.

Le point d’achoppement réside dans la livraison ou non de chars blindés de fabrication allemande Leopard 2.

Les Etats-Unis tout comme la Finlande et la Pologne sont favorables à livraison de ce type d’armes à l’Ukraine alors que l’Allemagne a exprimé son hésitation, voire son refus.

Mercredi, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré lors d’une intervention au forum de Davos que "les Ukrainiens peuvent compter sur notre soutien pour ce combat courageux, mais il est également clair que nous éviterons que cela ne devienne une guerre entre la Russie et l'OTAN".

La question a été évoquée le jour même lors d’un entretien téléphonique avec le président américain Joe Biden, mais aussi à l’occasion d’un déplacement du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, jeudi à Berlin, pour rencontrer son homologue allemand Boris Pistorius.

Un haut responsable américain qui ayant requis l’anonymat a affirmé dans ce contexte qu'un certain nombre d'alliés, tels que la Pologne et la Finlande, sont disposés à fournir à l'Ukraine des chars Leopard de fabrication allemande, mais qu'ils doivent obtenir l'autorisation de transfert de l'Allemagne.

L'un des axes de travail du Secrétaire à la Défense, Lloyd, est de collaborer avec l'Allemagne pour "débloquer cette décision", a déclaré la même source.

La question devrait être encore discutée lors d’une prochaine réunion des responsables occidentaux et ukrainiens, qui se tiendra à la base militaire de Rammstein en Allemagne.

Kiev a besoin d’armes

L’Ukraine, qui franchit son onzième mois de résistance face à l’offensive russe, n’a cessé d’appeler les pays occidentaux à lui fournir des armes et des munitions, depuis le déclenchement de la guerre et toujours de plus en plus, pour défendre son territoire et la souveraineté de sa décision.

La dernière intervention en date a eu lieu ce jeudi à la faveur d’un communiqué conjointement signé par le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov et le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.

"Nous appelons tous les États partenaires qui ont déjà fourni une assistance militaire ou envisagent de le faire à renforcer de manière significative leur contribution pratique au renforcement de la capacité de l'Ukraine à se défendre et à porter leur assistance à un niveau qualitativement nouveau", lit-on dans le communiqué.

Le communiqué indique que l'amélioration de la fourniture de véhicules blindés modernes à l'Ukraine et l'augmentation de ses capacités de tir et de maniabilité avec l'aide de chars occidentaux est "l'un des besoins les plus pressants et les plus urgents".

À cet égard, le communiqué indique qu'il a particulièrement lancé un appel aux pays qui ont des chars Leopard 2 en service, notamment le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, l'Espagne, la Suède et la Türkiye.

"Nous garantissons que nous utiliserons ces armes de manière responsable et exclusivement dans le but de protéger l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de frontières internationalement reconnues", ajoute la même source.

Cette demande a été vertement soutenue par le président polonais Andrzej Duda.

"Elle a besoin d'armes, je le dis tout le temps, les armes sont très nécessaires et importantes", a-t-il déclaré lors d'une session tenue mercredi à Davos, en Suisse, en marge de la réunion du Forum économique mondial et intitulée "Reconstruire la sécurité et la paix".

Duda a fait savoir qu'il y avait beaucoup de soldats russes au front et qu'il avait peur qu'ils se préparent à une nouvelle attaque.

Il a souligné que l'aide envoyée à l'Ukraine n'était pas suffisante, soulignant la nécessité d'en fournir davantage.

Et de noter : "Nous sommes membre de l'Union européenne et de l'OTAN et nous comprenons les Ukrainiens. Nous savons qu'ils veulent faire partie de la communauté politique occidentale, mais ils doivent, d'abord, se débarrasser de cette guerre. Ils doivent protéger leur pays et leur indépendance. C'est pourquoi nous devons les aider. Ils veulent la démocratie et nous sommes des pays démocratiques. La voix des Ukrainiens doit être entendue."

Moscou irrité

La Russie qui n’a nullement l’intention de renoncer à une victoire en territoire ukrainien n’a pas tardé à réagir aux intentions occidentales concernant la livraison d’armes lourdes telles que les chars et les blindés.

Le porte-parole de la présidence russe (le Kremlin), Dmitri Peskov, a considéré, jeudi, qu'accepter de telles livraisons par Kiev pour mener des frappes sur le territoire russe, serait ainsi « potentiellement très dangereux », ajoutant que cela « signifierait que le conflit atteindrait un nouveau palier, ce qui, bien sûr, n'augure rien de bon ».

Par la même occasion, Peskov a réitéré la position constante de la Russie au sujet de la fin de la guerre.

"Plus tôt le régime ukrainien montrera sa volonté de répondre aux demandes de la Russie - qui seront satisfaites d'une manière ou d'une autre - plus tôt tout finira, et le peuple ukrainien pourra commencer à se remettre de cette tragédie", a-t-il souligné.

Dans cette même optique, le vice-président du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev, a évoqué, jeudi, le risque de déclenchement d'une guerre nucléaire en cas de défaite de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.

Il a fait savoir que personne n'a pensé à tirer une "conclusion élémentaire", à savoir, que "la défaite d'une puissance nucléaire dans une guerre conventionnelle peut provoquer le déclenchement d'une guerre nucléaire."

"Les puissances nucléaires n'ont pas perdu les conflits majeurs dont dépend leur destin. Et cela devrait être évident pour tout le monde", a-t-il déclaré.

Pour rappel, la Russie avait lancé une offensive militaire en Ukraine le 24 février 2022 qu’elle avait justifiée par les intentions exprimées par Kiev d’adhérer à l’OTAN, considérant que cette adhésion constituerait une menace stratégique à sa propre sécurité.

Les pays occidentaux qui étaient favorables à cette adhésion ont ainsi décidé de lourdes sanctions économiques et financières contre Moscou et se sont livrés à un soutien illimité à l’Ukraine, aussi militaire que financier.

Source : AA

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