Tunisie : Plus de 140 avocats pour la défense de Ayachi Hammami

Ayachi Hammami a comparu, ce mardi 10 janvier 2023, devant le juge d’instruction au Tribunal de première instance de Tunis. Une comparution qui fait suite à la plainte déposée à son encontre par la ministre de la Justice, Leïla Jaffel, en vertu du décret 54.

Avocat, ancien ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Droits de l'homme et coordinateur du comité de défense des 57 magistrats révoqués, Ayachi Hammami, accusé par la ministre de la Justice de "diffusion de fausses rumeurs dans le but de porter atteinte aux droits d'autrui et de porter préjudice à la sûreté publique" et "d'attribution de données infondées visant à diffamer les autres", a bénéficié d’une mobilisation sans faille.

Avocats et représentants d'organisations et partis politiques ont observé, aujourd’hui, un rassemblement de protestation devant le tribunal de première instance de Tunis en solidarité avec lui. Selon le bâtonnier des avocats, Hatem Mziou, plus de 140 avocats ont même déposé une demande pour défendre leur collègue.

Dans une déclaration à Mosaique fm, il a révélé que les avocats ont déposé plusieurs éléments qui prouvent que les mesures de traduction de Hammami devant la justice sont illégales, réclamant ainsi la suspension des poursuites.

S'exprimant devant le tribunal, Ayachi Hammami a estimé qu'il fait l'objet d'accusations "à caractère politique " dans une affaire d'opinion publique par excellence qui traduit le traitement du gouvernement avec l'opposition et les voix libres sur la base de "lois discriminatoires". Il a accusé le président de la République Kais Saied de vouloir mettre la main sur la magistrature et sur le pouvoir judiciaire qu'il veut réduire à une simple "fonction".

Anas Hmaidi, président de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a estimé, pour sa part, que cette nouvelle étape a été précédée par la "violation de l'indépendance de la magistrature" à travers notamment la révocation de plusieurs magistrats avec de faux dossiers falsifiés et des rapports confidentiels et le refus d'appliquer les décisions du tribunal administratif.

Pour le bâtonnier des avocats, cette poursuite touche à la liberté d’expression et aux acquis des Tunisiens, au droit de critiquer et de donner son avis. Il a expliqué que Ayachi Hammami a donné son avis en tant qu’avocat, président de la Commission de défense des magistrats révoqués.

Ayachi Hammami avait été convoqué au sens du décret-loi 54, étant donné qu'il s'était exprimé sur "Shems FM", à propos de la question des juges révoqués, et a estimé qu'ils étaient "lésés" par le ministre de la Justice, qui, selon lui, "a commis une infraction de non-exécution des décisions de justice".

Source : Webdo

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