An 2022 à oublier...2023 apportera-t-il des repères à la Tunisie ?

Le grand Tunis (quatre gouvernorats) était paralysé, ce lundi 2 janvier, par une grève surprise des métros et des bus de la société nationale TRANSTU. Un premier jour ouvrable de l'année, marquant en plus la reprise des cours, après les grandes vacances d'hiver, c'est ce qu'on appelle jeter un (grand) pavé dans la mare.

Indépendamment du bien fondé des raisons de la grève (primes de fin d'année non perçues) et si elles justifient que des dizaines de milliers de travailleurs n'aient pas pu accéder à leurs lieux de labeur et que des cours et des examens aient été renvoyés à d'autres dates, le coup a porté..., même si on l'attendait -en plus fort- pour la fin du mois, la Fédération du transport ayant décrété une grève générale de deux jours de tout le secteur, terrestre, maritime et aérien, si d'ici-là, ses revendications ne sont pas exaucées.

Or, étant essentiellement matérielles (valorisation des rétributions et amélioration d'un parc vétuste), ces revendications mettent le gouvernement à mal, parce qu'il est dans l'incapacité d'y répondre, dans l'état actuel des choses. En attestent les primes qui n'ont pas encore été décaissées, alors qu'habituellement, elles l'étaient vers la mi-décembre. Que dire d'un accroissement des charges ?

Dans la continuité de 2022 ?

Si le mauvais augure -pour les superstitieux- de la nouvelle année se justifie par cette grève, il serait plus opportun d'attribuer ce qu'a vécu le grand Tunis, ce lundi, à 2022 où le transport, comme des dizaines d'autres secteurs et métiers, a procédé à divers mouvements sociaux de protestation et de réclamations, pour faire face à une détérioration constante du pouvoir d'achat, à une hausse intenable des prix et à une conséquente et galopante inflation. 2022 n'a pas été que cela...

En effet, avec les pénuries à répétition des produits alimentaires de base (lait, sucre, café...), des carburants et des médicaments, la montée du chômage, la défection des investisseurs locaux et étrangers, 2022 aura été l'année des crises, aggravées par la sécheresse, les effets post-Covid, la guerre en Ukraine et, plus important que tout, une absence de visibilité pour d'éventuelles solutions à même d'apporter une relance économique.

Aussi les analystes prévoient-ils un 2023 encore plus difficile, d'autant que le déficit de la balance commerciale ne cesse de se creuser, les encours de la dette de monter et les perspectives pour de nouveaux emprunts ou "soutiens" s'éloigner. Car même le prêt de 1,9 milliard de dollars, promis par le FMI et qui ne constituerait qu'une petite bouffée d'oxygène, n'est plus une certitude et les agences de notation ne manqueront pas de rétrograder davantage la note de la Tunisie (CCC).

De nombreux experts trouvent que la situation ne pourra qu'empirer au cours de la nouvelle année, par les effets néfastes de la Loi de finances qui a décrété une baisse de 33,1% des subventions sur les produits de base et qui va alourdir davantage les charges du citoyen, sans contenir une vision de relance. Aussi est-il à prévoir un 2023 plus que chaud, sur le plan social. Et le président Saïed ne pourra pas compter sur sa popularité, que les législatives ont située dans sa nouvelle dimension, ni sur les accusations portées aux "traîtres et aux corrompus". Le peuple aura besoin de solutions pour manger à sa faim.

Et Saïed qui a tenu la vedette au cours de l'année 2022, par la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, le 5 février et de l'Assemblée des représentants du peuple, le 30 mars, la révocation de 57 juges, le 1er juin, la promulgation de "sa" Constitution, le 17 août et l'organisation des législatives -boudées par l'écrasante majorité des Tunisiens-, le 17 décembre, n'aura d'autre alternative que de tendre la main pour un grand projet participatif. Seul, il n'a rien obtenu, comme investissements, ni de la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique ni du Sommet de la Francophonie, organisés en Tunisie en août et novembre. Encore moins de sa participation aux sommets, sino-arabe de Ryad et afro-américain de Washington. Décidément, la diplomatie tunisienne ne pèse plus du tout lourd.

Telle fut l'année 2022 et telles seraient ses effets sur 2023. Avec en moins, la Coupe du monde et le parcours tunisien, relevé par une prestigieuse et hélas inutile victoire sur la France. Mais il y aura encore la championne de tennis Ons Jabeur, capable de faire mieux que rééditer ses deux finales de Wimbledon et de l'Open US. Ce furent les éclairs de la grisaille.

Source : AA

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