Pourquoi Poutine persiste-t-il à demander des négociations ?

Poutine planifie une guerre longue et prolongée, dont la géographie sera déterminée par les capacités militaires de la Russie. L’invasion à grande échelle de l’Ukraine a été un choc pour l’armée russe, qui a perdu ses meilleures ressources – tant humaines qu’armées – dans les combats. Mais Poutine n’a pas abandonné l’idée de capturer l’Ukraine – un objectif clé de politique étrangère pendant les 23 années de son règne actuel. L’armée russe est épuisée et faible, une mobilisation secrète est menée à travers la Russie et les hommes de main de Poutine parcourent le monde dans l’espoir de s’entendre sur la fourniture d’armes. Une puissance militaire insuffisante est la seule chose qui empêche Poutine d’une autre invasion à grande échelle de l’Ukraine. C’est pourquoi le dictateur du Kremlin répète avec tant d’obstination la thèse de sa préparation aux négociations : c’est vital pour lui d’obtenir une pause tactique et d’accumuler les ressources militaires nécessaires.

La Russie perd en fait un bataillon chaque jour près de Bakhmut. L’armée russe subit de lourdes pertes : pendant les 300 jours de la guerre, ses pertes des tués seulement ont dépassé les 100 000 personnes – un chiffre sans précédent depuis 1945. Poutine comprend l’impasse tactique de cette situation et espère des négociations pour compenser l’épuisement des ressources militaires. Dans l’avenir proche, une mobilisation générale va commencer en Russie : il y a eu un manque catastrophique de conscrits à l’automne, les 150 000 militaires supplémentaires n’ont en rien affecté le cours des événements, sauf pour stabiliser la ligne de front. Poutine rêve d’une offensive, et donc la mobilisation va se poursuivre en Russie.

La thèse sur les négociations est un bluff typique du Kremlin. Poutine espère à nouveau tromper le monde entier et assure de ses intentions pacifiques. C’est le principal danger du dialogue avec un dictateur. Les combats en cours causent des pertes dans les forces armées, mais si Poutine rassemble ses forces et lance une deuxième offensive, la fausse « trêve » avec le Kremlin entraînera déjà à court terme des pertes incomparablement plus importantes pour l’Ukraine.

Poutine n’a pas abandonné l’idée de capturer Kyiv – en fait, c’est son objectif principal, qui a une signification symbolique. La Biélorussie est de facto annexée par la Russie, et Loukachenko n’est plus le commandant de son armée. Et cela confirme une fois de plus le fait qu'en aucun cas la Russie ne doit bénéficier d'un répit, qu'elle utilisera à 100 % contre l'Ukraine.

Poutine a finalement perdu contact avec la réalité et projette de lutter contre l’ensemble du monde civilisé. Il est délibérément désinformé par son entourage de la situation catastrophique en première ligne afin d’éviter les sanctions. Cela complique encore la situation déjà bloquée en Russie : Poutine poursuivra la guerre et l’économie et l’industrie russes fonctionnent déjà selon les normes du temps de guerre. La Russie doit être épuisée de manière globale : à l’aide de sanctions, en affaiblissant son potentiel militaire, en favorisant le départ de ses citoyens à l’étranger.

La Russie doit être affaiblie et décentralisée – ce n’est qu’ainsi que l’humanité pourra être libérée de la menace de son expansion, qui pourrait se transformer en troisième guerre mondiale.

L’Ukraine a plus que jamais besoin du soutien de l’Occident. Les forces armées protègent non seulement leur pays, mais agissent également comme le « bouclier de l’Europe ». La Russie continuera la guerre tant qu’elle en aura les ressources, et donc toutes les armes nécessaires pour l’Ukraine est un investissement dans l’avenir pacifique de l’Europe. La défense aérienne est la clé de la protection des villes ukrainiennes contre les attaques de missiles et la survie de dizaines de milliers de civils.

A.L pour Maghreb Aujourd'hui

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