Début avril, des habitants de Kyiv remplissaient des sacs de sable pour construire un bouclier protecteur pour le monument de Taras Shevchenko, le poète national d'Ukraine, une sorte Victor Hugo pour les Français, de Lord Byron pour les Anglais ou de Walt Whitman. pour les Américains, qui prévoyaient dès le milieu du XIXe siècle une guerre sanglante avec l'Empire russe. Le monument se dresse en plein centre-ville, face à l'université d'État.

À ce moment-là, les gens rentraient tout juste dans la capitale alors que les troupes russes se retiraient de la région de Kyiv. Cela a libéré les mains pour protéger les sites du patrimoine culturel ukrainien, car dans la tourmente des premiers jours de la guerre, personne ne pensait vraiment aux monuments de Kyiv - les gens ont essayé de sauver leur vie, emportant à la hâte avec eux uniquement leurs biens les plus nécessaires. Le monument à Taras Shevchenko était recouvert de sacs de sable jusqu'à sa pointe malgré quelques voix floues qu'il était déjà trop tard étant donné que la menace russe était partie ailleurs.

Début octobre, il semble que les précautions prises en avril n'aient pas été vaines : le centre-ville de Kyiv a été impitoyablement attaqué par 9 missiles russes. L'un d'eux a frappé le carrefour près de l'Université nationale Taras Shevchenko tuant 8 et blessant 50 civils. Il était environ 8 heures du matin - des gens conduisaient et marchaient pour se rendre à leur travail quotidien, y compris Oksana Leontieva, médecin à l'hôpital pour enfants Ohmadyt et mère d'un garçon de 5 ans. Le père du garçon est également décédé cette année.

Les attaques de missiles visaient non seulement Kyiv, mais différentes villes dans 14 régions du pays, essayant à la fois de terrifier une population pacifique et de détruire des infrastructures énergétiques essentielles. Un seul missile a touché une cible militaire.

En plusieurs vagues, les Russes ont lancé au total 84 missiles depuis le sol, les airs et la mer, dont la moitié ont été abattus par les défenses aériennes ukrainiennes. Les Russes ont utilisé l'aviation stratégique dans la région de la Caspienne et des croiseurs lance-missiles dans la mer Noire. En plus de cela, quelques dizaines de drones kamikazes fournis par l'Iran, surnommés "scooters" par les Ukrainiens pour leur faible vitesse et leur propulsion bruyante, ont frappé des sites civils. Il est souvent impossible de dire ce que les Russes visaient, car il peut s'agir d'un terrain de jeu dans un parc, d'une route ou, dans le pire des cas, d'un immeuble résidentiel.

La seule réponse logique à cela pourrait être la terreur comme moyen de faire céder les Ukrainiens aux prétentions territoriales et politiques russes. La terreur comme répression politique et violence déchaînée. La terreur poursuivie par les terroristes les plus méchants.

Il est intéressant de voir comment l'histoire peut créer des parallèles sur lesquels nous pouvons nous appuyer et dont nous pouvons tirer des leçons. À partir de 1940, l'Allemagne nazie a bombardé Londres pendant près d'un an. Leur stratégie ultime n'était pas claire pour leur propre commandement et finalement, les bombardements se sont transformés en terreur aérienne pour exercer une pression politique sur une population souffrant massivement. Cette méthode a condamné l'offensive sur la Grande-Bretagne à l'échec avant qu'elle ne commence parce qu'elle n'a pas brisé le moral des gens mais les a rendus résolus à riposter et à gagner leur liberté.

Certains monuments sont témoins d'actes horribles. Or des représentations diplomatiques sont, comme le consulat allemand au centre-ville de Kyiv, endommagées par l'explosion d'un missile russe. Il est possible de les reconstruire et de les restaurer. Mais la vie d'Oksana Leontieva ne peut pas être restaurée.

C'est la raison exacte pour laquelle le terrorisme russe doit être stoppé par l'ensemble du monde civilisé. De son côté, l'Ukraine fait preuve d'un moral et d'une cohésion sociale exemplaires. Et c'est la raison exacte pour laquelle cette bataille sera gagnée comme l'a été la bataille d'Angleterre.

Contribution de Serhii Fedorenko pour Maghreb Aujourd'hui