La Coalition Tunisienne Contre la Peine de Mort (CTCPM) a organisé, ce lundi 10 octobre 2022, une conférence de presse tenue au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort.
La secrétaire générale de la CTCPM, Hajer Naceur, a notamment estimé, lors de ce point de presse, que « la situation est encore précaire en Tunisie, d’autant plus que le président de la République, Kais Saied, soutient la peine de mort ».
« Il s’agit d’une faille importante de la constitution 2022 dans la mesure où elle n’annule pas cette peine », a-t-elle déclaré, selon des propos rapportés par l’agence TAP, soulignant que les magistrats continuent de prononcer des peines de mort malgré le moratoire appliqué à cette peine depuis plus de 30 ans.
Hajer Naceur a appelé à respecter les résolutions internationales sur l’amendement du code pénal et l’abolition définitive de la peine de mort en la commuant en peine de prison.
Elle a proposé l’organisation d’un dialogue national sur la peine de mort avec la participation du Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales afin d’adopter le 2e protocole se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et qui vise, justement, à abolir la peine de mort.
A la suite de chaque mort tragique, le débat autour de l’application de la peine de mort est rouvert en Tunisie.
Entre opinions favorables et opposées à la peine de mort, le débat n’a jamais été véritablement tranché et continue à resurgir après chaque drame. On se rappelle tous de l’affaire de la jeune Rahma qui a été violée puis tuée sur l’autoroute de la Marsa, où son corps avait été retrouvée plusieurs jours après.
Suite à cette affaire, le président de la République s’est dit clairement pour la peine de mort dans ce genre de crime, tout en assurant tous les droits de défense à tous les accusés.
En se prononçant clairement pour la peine de mort, lors d’un conseil de Sécurité Nationale, tenu le 28 septembre 2020, le président de la République Kais Saied, a suscité de nombreuses réactions notamment celle d’Amnesty Internationale qui s’est déclaré, « choquée » par cette position.
Amnesty International avait réagi à cette annonce en rappelant que « la Tunisie n’a procédé à aucune exécution depuis 1991 ».
« L’annonce du président en faveur de la peine de mort est choquante et va à l’encontre de la pratique établie depuis des décennies consistant à ne pas procéder à des exécutions. Kaïs Saïed est le premier président à faire part de son intention d’appliquer les sentences capitales en Tunisie », avait dénoncé Amnesty, rappelant que depuis 2012, la Tunisie a voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire sur l’application de la peine de mort.
Source : Webdo