Un déficit de 112 millions d’emplois dans le monde au 1er trimestre 2022

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) fait état du piétinement de la reprise du marché du travail dans le monde depuis le début de l’année 2022. Dans son rapport publié mardi, l’organisation a souligné le rétrécissement du marché du travail dans le monde en comparaison avec la tendance enregistrée au dernier trimestre de l’exercice 2021.

« Après une hausse importante au cours du dernier trimestre 2021, le nombre d’heures travaillées dans le monde a diminué au cours du premier trimestre 2022, à 3,8% en-dessous de la période de référence antérieure à la crise (le quatrième trimestre 2019). Cela équivaut à un déficit de 112 millions d’emplois à temps plein », a indiqué le document de l’OIT, affirmant « qu’il y a une nette révision à la baisse des chiffres publiés par l’organisation en janvier 2022 ».

Les raisons de cette situation, selon le rapport, sont les crises mondiales qui se sont multipliées. L’OIT a cité, dans ce sens, l’inflation (en particulier des prix de l’énergie et des denrées alimentaires), les turbulences financières, une éventuelle crise de la dette et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces facteurs, a précisé le rapport, « accroissent le risque que le nombre d’heures travaillées baisse à nouveau en 2022, avec des répercussions plus larges sur les marchés du travail mondiaux dans les mois à venir ».

Poursuivant, l’OIT a ajouté que « l’agression russe contre l’Ukraine affecte d’ores et déjà les marchés du travail en Ukraine et au-delà ». L’Observatoire de l’OIT, a noté la même source, fait remarquer que « la reprise est très contrastée, et la divergence s’accentue entre les économies des pays riches et celles des pays pauvres ».

« Si les pays à revenu élevé ont enregistré une reprise des heures travaillées, les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur ont subi des revers au premier trimestre de cette année, avec un écart respectif de 3,6 et 5,7% par rapport à la période de référence d’avant la crise. Ces tendances divergentes sont susceptibles de s’aggraver au deuxième trimestre 2022 », a indiqué le document.

Dans certains pays en développement, a-t-on lu dans le rapport, « les gouvernements sont de plus en plus contraints par le manque de marge de manœuvre budgétaire et par les défis liés à la viabilité de la dette, tandis que les entreprises font face à des incertitudes économiques et financières et que les travailleurs ne bénéficient toujours pas d’un accès suffisant à la protection sociale ».

Soulignant que la reprise du marché du travail à l’échelle mondiale marque le pas, l’OIT a expliqué que celle-ci « est rendue encore plus incertaine par une combinaison de crises qui se renforcent mutuellement ». Cette situation pèsera, a indiqué le directeur général de l’OIT, Guy Ryder cité dans le rapport, sur « les travailleurs et leurs familles, notamment dans le monde en développement où l’impact sera dévastateur et pourrait se traduire par des bouleversements sociaux et politiques». « Il est désormais plus essentiel que jamais de travailler ensemble et de privilégier la création d’une reprise centrée sur l’humain », a-t-il plaidé.

En faisant ce constat, le rapport de l’OIT a énoncé une série de mesures pour aller de l’avant, dont le soutien au pouvoir d’achat des travailleurs et leurs familles et l’engagement d’un dialogue tripartite autour des salaires. L’organisation a préconisé aussi l’ajustement des politiques macroéconomiques, les aides aux catégories et les secteurs les plus durement touchés, ainsi que la mise en place de politiques sectorielles à long terme, bien conçues, qui favorisent la création d’emplois verts et décents.

Source : AA

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