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- Le 22 Novembre 2024
Quinze jours après avoir été condamné dans l’affaire dite “des écoutes”, l’ancien président français Nicolas Sarkozy est jugé à nouveau à partir de ce mercredi à Paris, cette fois pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, dans le dossier Bygmalion.
Vu par certains à droite comme un possible candidat pour la présidentielle de 2022, Nicolas Sarkozy a été le 1er mars le premier ancien président de la Ve République condamné à la prison ferme, trois ans dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d’influence.
Dans l’affaire Bygmalion, l’ancien président encourt un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende pour “financement illégal de campagne électorale”. Il est soupçonné d’avoir laissé filer ses comptes de campagne au-delà de leur plafond légal malgré les avertissements des experts-comptables.
Un an avant la prochaine élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, retiré de la politique depuis 2016, reste très populaire et très écouté à droite, où aucune figure ne s’impose pour représenter le parti conservateur Les Républicains au scrutin.
Le procès, prévu jusqu’au 15 avril, a toutefois de fortes probabilités d’être renvoyé en raison de l’hospitalisation de l’avocat de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur adjoint de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy.
C’est Jérôme Lavrilleux qui avait révélé en 2014 le système de double comptabilité et de fausses factures mis en place pour dissimuler les dépassements de plafonds du compte du candidat. Le tribunal examinera, dès l’ouverture de l’audience mercredi à 13h30, la demande de renvoi de M. Lavrilleux, à laquelle s’associent tous les avocats de la défense. Le parquet ne devrait pas s’y opposer.
Guerre fratricide
Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française : le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé, ex-patron de l’Union pour un mouvement populaire (UMP, droite), se rejettent mutuellement la responsabilité de la fraude.
Au total, 14 personnes doivent être jugées : d’anciens cadres de l’UMP (devenue Les Républicains, partie civile au procès), des responsables de la campagne de 2012 et des dirigeants de Bygmalion, la société d’événementiel chargée d’organiser les meetings du candidat Sarkozy via sa filiale Event & Cie.
Ils comparaissent pour faux et usage de faux, abus de confiance, escroquerie et financement illégal de campagne électorale, et complicité ou recel de ces délits. Selon l’accusation, l’ancien président “a incontestablement bénéficié” du système de fausses factures, qui lui a permis de disposer pour la campagne de moyens “bien supérieurs à ce que la loi autorisait”.
L’enquête n’a, toutefois, pas établi que l’ex-chef de l’État avait décidé de la mise en place du système, ni qu’il y avait participé ou même en avait été informé. Il est reproché au candidat Sarkozy de ne pas avoir tenu compte de deux alertes alarmantes des experts-comptables pendant sa campagne, en mars et avril 2012. Jean-François Copé, actuel maire de Meaux, a bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire.
Au total, selon l’accusation, les dépenses de la campagne du candidat Sarkozy se sont élevées à “au moins 42,8 millions d’euros”, au-delà du plafond légal autorisé. M. Sarkozy a fait appel de sa condamnation début mars à un an de prison ferme dans l’affaire dite des “écoutes”, n’excluant pas d’aller devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) s’il n’obtenait pas gain de cause.
“J’ai ressenti l’injustice profonde, choquante, des procédures lancées contre moi depuis dix ans”, a affirmé l’ex-président, qui est poursuivi dans de nombreux dossiers et a bénéficié d’un non-lieu pour certains. Parlant d’“acharnement judiciaire”, la droite a mis en cause le fonctionnement de la justice et notamment le Parquet national financier qu’elle accuse d’avoir joué un rôle politique dans ce dossier.
Quelques mois avant l’élection présidentielle de 2017, ce parquet créé en 2013 avait ouvert une enquête sur des emplois fictifs de l’épouse du candidat conservateur François Fillon, qui a fait voler en éclats sa campagne. Il a été depuis condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour détournement de fonds publics dans cette affaire.
Source : AFP