L’ancienne présidente bolivienne, Jeanine Añez, placée en détention préventive pour quatre mois

A l’instar de cinq de ses anciens ministres, elle est poursuivie pour « sédition » et « terrorisme ». Le procureur a requis, plus tôt, une détention préventive pour une période de six mois.

L’ancienne présidente par intérim de Bolivie Jeanine Añez, arrêtée et accusée de coup d’Etat contre son prédécesseur Evo Morales, a annoncé dimanche 14 mars que la justice avait ordonné qu’elle soit placée en détention préventive pour quatre mois. Le parquet de Bolivie avait, plus tôt, requis six mois de détention préventive pour Mme Añez et pour deux anciens ministres.

« On m’envoie quatre mois en détention dans l’attente d’un procès pour un coup d’Etat qui n’a jamais eu lieu », a critiqué Mme Añez sur Twitter après avoir entendu la décision de la juge Regina Santa Cruz au cours d’une audience virtuelle.

Jeanine Añez a annoncé la décision de la juge depuis le bâtiment de la police à La Paz où elle est détenue depuis samedi en même temps que deux anciens membres de son gouvernement, les ex-ministres de l’énergie, Rodrigo Guzman, et de la justice, Alvaro Coimbra, également arrêtés.

Un appel à garder espoir

La juge Santa Cruz a ordonné que l’ancienne présidente par intérim soit transférée dans une prison pour femmes de La Paz et qu’Alvaro Coimbra le soit dans une prison pour hommes. Rodrigo Guzman a été placé en liberté conditionnelle. Lors de l’audience virtuelle, qui a duré plusieurs heures, la juge Santa Cruz a entendu le parquet et les avocats de Mme Añez et des deux anciens ministres.

« D’ici, j’appelle la Bolivie à avoir foi et espérance, a tweeté Jeanine Añez. Un jour, tous ensemble, nous construirons une Bolivie meilleure. »

Mme Añez, 53 ans, avocate, femme politique et ancienne présentatrice de télévision, est devenue présidente par intérim en novembre 2019 après la démission du président socialiste Evo Morales, alors qu’elle était deuxième vice-présidente du Sénat.

Lors d’une brève rencontre avec la presse dimanche, avant l’annonce de son placement en détention préventive, elle a déclaré qu’avec les mesures prises contre elle et contre ses anciens collaborateurs, « on fait reculer notre Etat de droit ».

De nombreuses réactions en Bolivie et à l’étranger

L’arrestation de l’ancienne présidente est intervenue samedi dans des conditions spectaculaires : elle a été appréhendée à Trinidad, à 600 kilomètres au nord-est de La Paz, alors qu’elle se cachait dans une malle dans la maison d’un proche. Ses anciens ministres de l’énergie et de la justice ont, eux aussi, été arrêtés à Trinidad avant d’être transférés à La Paz.

Dès son arrivée samedi à l’aéroport d’El Alto à La Paz, en présence du ministre de l’intérieur et de policiers, Mme Añez a qualifié son arrestation d’« illégale ».

L’enquête du parquet, ouverte pour « sédition », « terrorisme » et « conspiration », fait suite à une plainte déposée en décembre par Lidia Patty, ancienne députée du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti d’Evo Morales et de l’actuel président bolivien, Luis Arce. Lidia Patty accuse Mme Añez et d’anciens ministres, responsables militaires et policiers d’avoir accompli un « coup d’Etat » contre M. Morales en novembre 2019.

Le mandat d’arrêt concerne trois autres anciens ministres, en plus des deux qui ont déjà été appréhendés : Yerko Nuñez (présidence), Arturo Murillo (intérieur) et Luis Fernando Lopez (défense). Les deux derniers ont quitté la Bolivie en novembre. Il vise également les anciens commandants militaires William Kaliman et Sergio Orellana et l’ex-chef de la police Yuri Calderon.

La mise en cause de l’ex-présidente et de ses collaborateurs suscite depuis samedi de nombreuses réactions en Bolivie et à l’étranger. L’influente conférence épiscopale de Bolivie a réclamé « la mise en liberté immédiate des personnes arrêtées ». L’ancien président bolivien Carlos Mesa (2003-2005) a lancé un appel aux organisations internationales en les alertant sur la situation en Bolivie.

Source : Le Monde avec AFP

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