Tunisie: « Convertibilité du dinar dans les deux ou trois années à venir, avec l’appui technique du FMI »

Un appui technique du Fonds monétaire international (FMI) est en cours depuis deux ans pour aller vers la convertibilité du dinar dans les 2 ou 3 années à venir, a fait savoir le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi.

El Abassi s’exprimait lors d’une conférence-débat organisée mercredi 17 novembre, par l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (Atuge), sur le thème « Réglementation des changes : Assouplissement progressif ou libéralisation totale? ».

Selon un communiqué rendu public par l’Atuge, le gouverneur de la BCT a expliqué que « le dinar s’est maintenu, malgré deux années sans tourisme, principalement soutenu par la croissance de la production des hydrocarbures et du phosphate, et un apport record du revenu du travail des Tunisiens résidents à l’étranger ».

« La réglementation des changes a été révisée par à-coup, ce qui donne un texte final complexe, présentant discordances et équivoques, souvent interprété de manière conservatrice par les banques », a ajouté El Abassi, faisant observer que c’est grâce à cette réglementation que la Tunisie a évité le scénario libanais.

L'ex-cadre de la Banque mondiale a souligné que « les expériences comparées montrent que la libéralisation extérieure totale précipitée d’un pays peut provoquer des dérapages économiques et financiers lourds de conséquences ».

Selon le gouverneur de la BCT, les préalables à une libéralisation totale des relations commerciales et financières de la Tunisie avec l’extérieur ainsi qu'à l’abandon du contrôle des changes, se résument à des déficits jumeaux soutenables, un endettement public soutenable, une politique monétaire efficiente capable d’influencer les anticipations inflationnistes, un système bancaire solide aguerri à la gestion des flux de capitaux et des risques y afférents et un niveau de réserves en devises confortable, permettant à la BCT d’intervenir pour réguler la liquidité du marché et défendre la valeur de la monnaie nationale.

Le haut responsable tunisien, a rappelé à cet effet, que la BCT n’a pas cessé de mettre en garde contre les risques d’une libéralisation extérieure précipitée et mal ordonnée, estimant que dans le cas où l’état de transition politico-sociale et économico-financière perdure en Tunisie, il risquerait de maintenir les préalables à la libéralisation extérieure totale du pays dans un état dégradé qui compromet toute transition définitive à la convertibilité totale du dinar.

Pour concrétiser son projet de réforme monétaire, la BCT a opté pour une assistance technique et financière du FMI, en cours depuis deux ans, a déclaré El Abassi, estimant que le soutien de l’institution financière internationale permettra de mener à bien ces réformes et d’aller vers la convertibilité du dinar dans les 2 ou 3 années à venir. Il est question également d’accompagner les étapes de la réforme et de libéralisation les plus risquées, au regard des répercussions qu’elles peuvent occasionner en termes de dérapages financiers et de crises systémiques.

Par la voix de son porte-parole, Gerry Rice, le FMI avait indiqué le 18 novembre, avoir reçu une demande d'aide du nouveau gouvernement tunisien et que des discussions techniques sont en cours avec Tunis pour fixer les priorités économiques du pays.

La Tunisie sollicite pour la quatrième fois en 10 ans l'aide du FMI.

La dette extérieure de la Tunisie s’affichait à 97,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020, soit le taux le plus élevé en Afrique du nord, alors que la dette publique du pays s’est élevée à 99,3 milliards de dinars (35,7 milliards de dollars) fin juin dernier, soit 81,5% du PIB.

La Tunisie cherche à obtenir un nouveau prêt de 4 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), alors que de nouvelles négociations ont commencé depuis la mi-mai.

En avril 2016, le Conseil d'administration du FMI avait accepté d’octroyer à la Tunisie un prêt de 2,8 milliards de dollars sur 4 ans, dont elle n'avait perçu que 1,6 milliard de dollars, et ce, en raison de l'incapacité du gouvernement à mettre en œuvre l'ensemble des réformes structurelles prévues par l'institution financière internationale.

Source : AA

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