Au moins 75 morts lors de mutineries dans trois prisons équatoriennes

En décembre, des mutineries dans différentes prisons à la suite de rivalités entre organisations criminelles, notamment de narcotrafiquants, avaient déjà fait onze morts et sept blessés parmi les détenus.

Au moins 75 prisonniers sont morts dans des mutineries qui ont éclaté, mardi 23 février, dans trois prisons d’Equateur. Le service pénitentiaire (SNAI) a fait état, dans la soirée, sur Twitter d’une « hausse de 13 morts » supplémentaires à la prison du port de Guayaquil, deuxième ville et capitale économique du pays, sur la côte Pacifique. Précédemment son directeur, Edmundo Moncayo, avait communiqué un bilan de 33 détenus tués dans la seule prison de Cuenca (sud), 21 à Guayaquil (sud-ouest) et huit à Latacunga (sud).

Le Défenseur du peuple a qualifié de « massacre sans précédent » ces mutineries, au cours desquelles des prisonniers ont aussi été blessés, selon les autorités. Cette entité publique de défense des droits humains a exprimé sa « préoccupation pour le manque de sécurité que vit le pays, lequel se reflète dans l’augmentation de la délinquance et de la violence à l’intérieur des centres carcéraux ».

Le parquet a attribué les troubles à des « affrontements de bandes criminelles ». Le président équatorien, Lenin Moreno, a accusé des « organisations criminelles » d’être derrière ces mutineries. Les autorités « agissent pour reprendre le contrôle des prisons », a ajouté le chef de l’Etat sur Twitter.

A la tombée de la nuit, la police et les gardiens avaient réussi à rétablir l’ordre, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) une source du SNAI. L’armée a également été déployée aux abords des prisons.

Une cellule de crise a été mise en place par le gouvernement, par ailleurs confronté à la mobilisation de centaines d’indigènes, réclamant un nouveau décompte des voix de Yaku Perez, leur candidat à l’élection présidentielle écarté du second tour prévu le 11 avril et qui dénonce une fraude.

Etat d’exception dans les prisons

En décembre, des mutineries dans différentes prisons à la suite de rivalités entre organisations criminelles, notamment de narcotrafiquants, avaient fait onze morts et sept blessés parmi les détenus. Fin 2020, un état d’exception pour les prisons du pays avait été décrété pour quatre-vingt-dix jours par le président Moreno avec l’objectif de contrôler les « mafias » et de réduire la violence qui gangrène les centres de détention. Au total, sur l’année 2020, la violence entre détenus a provoqué la mort de 51 d’entre eux. Depuis le début de l’année, avant les troubles de mardi, trois prisonniers étaient déjà morts lors de violences, selon les données de la police.

En raison de la pandémie de Covid-19 et afin de diminuer la surpopulation carcérale, le pays sud-américain avait décidé l’année dernière d’appliquer des peines de substitution pour les délits mineurs. Malgré cette politique, le système pénitentiaire équatorien compte actuellement plus de 38 000 prisonniers pour 27 000 places, et seulement 1 500 gardiens.

Le Service national d’attention intégrale (SNAI), en charge de la gestion des prisons, a admis mardi un manque de personnel de sécurité, qui « complique les actions de réponse immédiate » en cas de mutineries. Il a estimé que les émeutes du jour « sont un signal de résistance et de rejet de la part des détenus face aux actions de contrôle » telles qu’une perquisition effectuée la veille dans la prison de Guayaquil.

Deux armes à feu, qui devaient servir à éliminer les chefs d’une bande, ont alors été saisies et leurs ennemis ont ordonné l’« assassinat de prisonniers d’autres centres », a ajouté Edmundo Moncayo.

Source : Le Monde avec AFP

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