Algérie. Fortes tendances au désinvestissement

British Petroleum (BP) a engagé des discussions avec l’Italien ENI pour lui céder sa participation de 45,89% dans l’usine de gaz naturel d’In Amenas ainsi que 33% de ses parts dans l’usine de gaz d’In Salah. Qu’est-ce que cela implique pour le partenariat entre Sonatrach et son associé britannique ? Ces négociations vont-elles aboutir ? Il ne s’agit pas d’une simple question technique qui peut être résolue en se référant à la nouvelle loi sur les hydrocarbures et ses textes d’application. Sonatrach peut se proposer de racheter les actifs mis en vente, en se prévalant du droit de préemption. Elle dispose d’un délai de soixante jours pour faire valoir ce droit, selon la nouvelle législation sur les hydrocarbures adoptée fin 2019.

Au-delà de cela, c’est un partenariat constructif, constituant une vitrine en matière de développement de gisements gaziers, qui risque de s’arrêter. BP compte parmi les plus gros investisseurs en Algérie. Elle s’y est installée au début des années 1990, à In Amenas, un important site gazier constitué de sept champs exploités en association avec Sonatrach et Equinor (anciennement Statoil). Son retrait du pays, si jamais elle parvenait à un accord avec ENI, ne servirait qu’à envoyer un mauvais signal aux investisseurs étrangers. De plus, cette défection arrive au mauvais moment, alors que la compagnie nationale traverse des temps difficiles et que ses investissements devraient diminuer sous l’effet de la crise sanitaire et pétrolière.

Certes, ce n’est pas la première fois qu’une compagnie étrangère décide de vendre ses actifs en Algérie. Le fait est que Sonatrach n’a pas pu limiter le nombre de défections. La compgnie n’a pas encore digéré sa déception de voir Anadarko, un autre partenaire de poids, quitter l’Algérie.  Anadarko a vendu ses actifs à Occidental Petroleum (OXY), une compagnie américaine croulant sous le poids des dettes (40 milliards de dollars), et mise en difficulté par la baisse de ses recettes d’exportations pétrolières, du fait de la détérioration des cours de l’or noir. Sonatrach a, par ailleurs, annulé, récemment, un contrat se rapportant à la recherche et à l’exploitation d’hydrocarbures dans le périmètre d’Isarène (blocs 228 et 229a), qu’elle avait conclu en 2004 avec Petroceltic International PLC, une filiale de Sunny Hill Energy, une compagnie britannique. Petroceltic a également procédé à des cessions.

En effet, elle disposait de participation de l’ordre de 75% à la signature du contrat, mais elle a réduit sensiblement sa participation par deux cessions successives de ses droits et obligations formalisées par des avenants, jusqu’à ne détenir que 38,25% à la date de résiliation du contrat. Ainsi, le nombre de défections augmente, alors que le pays n’arrive toujours pas à drainer de nouveaux investissements étrangers. Et, il lui serait difficile de pouvoir le faire à l’avenir, car, les principales sociétés énergétiques réduisent actuellement leurs actifs fossiles, ne conservant que les actifs susceptibles d’être rentables, tout en redéployant des capitaux pour la transition énergétique. 

Source : La Liberte

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