L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
Les Européens ont également mis en garde l’armée birmane et appelé à la «désescalade».
Le déplacement désastreux du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a-t-il finalement permis de souder les Européens face à la question russe? Après tout, au travers du haut représentant, c’est bien l’UE qui a été ridiculisée début février par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors de cette conférence de presse mémorable à Moscou, concomitante avec l’expulsion de trois diplomates européens.
Réunis lundi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union se sont, en tout cas, mis d’accord sur le principe de nouvelles sanctions en réaction à l’emprisonnement d’Alexeï Navalny, le principal opposant à Vladimir Poutine, dont la peine de deux ans et demi de prison a été confirmée en fin de semaine dernière. Ces nouvelles sanctions s’inscrivent pour la toute première fois dans le cadre du régime portant sur les attaques contre les droits humains dont s’est dotée l’UE fin 2020 et qui vise à sanctionner les «génocides, crimes contre l’humanité et autres formes graves de violations des droits de l’homme ou d’atteintes à ces droits». Ce cadre transversal permet désormais au bloc, comme le font les Américains avec la loi Magnitsky, de réagir plus vite, sans passer par la longue et fastidieuse création d’un régime de sanctions ad hoc pour un pays donné.
Nous ne devons pas sanctionner des gens parce qu’ils ne nous plaisent pas mais parce qu’ils sont liés aux faits reprochés
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne
Dans le cas présent, les sanctions contre la Russie sont toutefois très symboliques. Elles ne viseront que quatre hauts responsables russes qui, selon un diplomate, sont intervenus dans «l’arrestation, le jugement et l’emprisonnement» d’Alexeï Navalny. Le haut représentant, qui a été chargé par les ministres d’établir une liste de noms, a affirmé lundi que les procédures seraient bouclées d’ici une semaine. Les soutiens d’Alexeï Navalny se sont dits déçus, alors qu’ils appellent depuis de longs mois à sanctionner des oligarques russes proches de Vladimir Poutine. De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a dit regretter cette décision «décevante», dénonçant des sanctions «illégales et unilatérales» prises «sous un prétexte alambiqué». «Nous ne devons pas sanctionner des gens parce qu’ils ne nous plaisent pas mais parce qu’ils sont liés aux faits reprochés», a argumenté Josep Borrell.
Les ministres ont également décidé lundi d’ouvrir la voie à des sanctions contre les militaires responsables du coup d’État en Birmanie. Elles passeront, comme de coutume, par des interdictions de voyager dans l’UE et le gel des avoirs pour les personnes visées. Pas question en revanche de toucher aux arrangements commerciaux passés entre l’UE et le Myanmar, sauf à accepter de fragiliser les travailleurs birmans du textile. Et, parce que l’heure était décidément aux sanctions, lundi, à Bruxelles, l’UE a également diffusé dans la journée la liste des 19 hauts fonctionnaires du régime de Nicolas Maduro désormais épinglés. Cela porte à 55 le nombre total de responsables et hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuélien sanctionnés par l’Europe.
L’efficacité des sanctions reste toutefois à démontrer. «Elles sont nécessaires politiquement. Elles permettent de marquer le coup, de ne pas laisser des régimes dans l’impunité et de soutenir des victimes qui se disent qu’il y a une justice quelque part. Mais elles ne sont pas une politique. Elles ne changent pas un régime. Il faut avoir d’autres moyens d’action», analyse un diplomate. C’est à ces «autres moyens» ou leviers face à la Russie que les ministres européens des Affaires étrangères ont consacré lundi deux heures de leur réunion. Alors que les relations UE-Russie seront à l’ordre du jour de la réunion des Vingt-Sept prévue fin mars et que les Vingt-Sept sont loin d’être alignés face à Moscou, Josep Borrell y a vu «la volonté d’une approche plus structurée» vis-à-vis de «ce voisin qui s’éloigne de l’Europe». «Tout le monde a convenu qu’on avait des intérêts par rapport à la Russie et qu’il fallait donc des contacts avec Moscou», s’est réjoui un diplomate européen. Paris et Berlin, en tout cas, sont sur cette ligne. «Nous devons chercher des façons de dialoguer, nous avons besoin de l’aide de la Russie dans nombre de conflits internationaux», avait fait valoir le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, à son arrivée à Bruxelles.
Source : Le Figaro