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- Le 31 Octobre 2024
C’est un débat très important, soulignait Mohamed Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), qui inaugurait hier la présentation de «La contribution de la CAPC à la stratégie de transition énergétique en Algérie», élaborée par la commission énergie que préside le Dr Ryadh Boudjemadi, un éminent expert dans le domaine des énergies renouvelables. Lui qui considère que la transition énergétique est plus qu’une opportunité, une nécessité, estime que plusieurs facteurs nous poussent vers cette voie.
Il cite le fait que l’Algérie est signataire de l’accord de la Cop21, l’augmentation de la consommation local, plus 45%, et l’amenuisement de nos réserves de gaz et de pétrole. Pas seulement, dit-il, la situation du marché du gaz et de l’électricité, la baisse des coûts de l’énergie solaire – il y a mois, en Arabie Saoudite, le kilowatt est sorti à centime –, la création d’emplois (en 2017, la production de 900 GW a permis la création de près de 9 millions d’emplois dans le monde), incite l’Algérie à prendre le chemin, et rapidement, de la transition énergétique. Le Dr Boudjemadi y croit.
Selon la contribution de la CAPC qu’il a présentée, au rythme de l’installation annuelle de 1000 à 1500 mw, on pourrait atteindre une production thermique qui pourrait potentiellement avoisiner les 42 gw en 2030 et avoir un taux de pénétration de renouvelable d’environ 35%.
La contribution qui prône l’amélioration du mix énergétique en diversifiant les projets IPP entre le solaire, l’éolien et d’autres ressources, à condition d’être économiquement rentables, soutient qu’avec «l’ensoleillement que présente le pays, le couloir de vent existant dans l’Ouest et le Sud-Ouest d’un potentiel de 7,7 gw, ainsi que le potentiel biomasse, l’Algérie pourrait sans souci dépasser l’objectif actuel pour atteindre à minima 45% de renouvelable, voire les dépasser en 2050, soit 30 gw, hors déclassement d’actifs thermiques tels que prévus».
Pour mieux comprendre, 1000 mw de solaire PV combiné à une centrale à gaz de nouvelle génération de même capacité apporteraient une économie de gaz annuelle de l’ordre de 70 millions de dollars. La proposition de la CAPC considère que «la composante financement est la clé de la réussite du déploiement massif des énergies renouvelables dans notre pays.
Dans un projet renouvelable, le financement (taux d’intérêt, durée d’emprunt et coût moyen pondéré du capital – WACC) a représenté une grande partie du prix de l’électricité», indique la même source, en précisant que sur les projets réalisés dans le monde, «1 gigawatt coûte de 600 à 800 millions de dollars, soit en moyenne 10 milliards de dollars pour les 15 gigawatts à l’horizon 2030».
La part d’endettement des projets, prévoit-elle encore, s’élèvera à minima à 80%, ce qui nécessiterait une levée auprès des banques de 8 milliards de dollars, soit en moyenne plus de 800 millions de dollars par an sur les 10 ans (2021-2030). Notant qu’il est difficile de convaincre les investisseurs de lever toute la dette en dinar, la contribution de l’organisation présidée par Mohamed Sami Agli pense qu’il conviendrait alors de réfléchir à autoriser le financement de projets structurés par des banques étrangères pour des «project finance». «L’Algérie aura seulement comme obligation de garantir le paiement sur 20 à 25 ans, durée d’un BOOT, et d’assurer le TRI attendu par les investisseurs pour atteindre les prix kWh (CCOE) réalisés dans le monde», précise la contribution présenté par le Dr Ryadh Boudjemadi.
Selon la même source, «il apparaît essentiel de donner un message important à la communauté des investisseurs en associant Sonatrach dans le programme des énergies renouvelables que lancerait le gouvernement algérien». Le document présenté par la CAPC considère, en effet, que «les investisseurs, dont certains sont déjà présents dans le secteurs des hydrocarbures, tels que BP, Tota, Equinor, ENI, seront enclins à investir massivement dans notre pays dans le créneau des énergies renouvelables, pour autant que leur partenaire local, Sonatrach, leur présente des projets d’envergure à des termes et conditions conformes aux standards internationaux». «Sonatrach serait la clé pour annoncer au monde entier que l’Algérie lance un programme de 1,3 GW minimum composé de grandes fermes solaires à capacité de production supérieure à 100 MW», propose l’organisation patronale, qui pense que c’est la meilleure façon de faire un bond quantitatif dans la production d’énergie renouvelable. Ce programme, précise-t-on, viendrait en complément de celui des 15 GW lancé par le ministère de la Transition énergétique.
La CAPC, qui plaide pour un programme EnR ambitieux, soutient qu’en Algérie le projet permettra la création de 300 000 emplois pour un objectif de 30 GW de production d’énergie renouvelable à l’horizon 2050.
La même étude recommande, en effet, l’élaboration des cahiers des charges conformes aux standards internationaux, qui tiennent comptes des problématiques, telles que la réduction du taux d’actualisation du dinar à la hauteur d’une structure sans risque, et des allégements fiscaux pour aligner les prix des panneaux PV fabriqués localement aux prix d’achat aux standards internationaux.
Comme il s’agit de «project finance», suggère l’étude présentée par l’organisation patronale, il est souhaitable de permettre aux consortiums soumissionnaires étrangers de s’endetter en partie en devises étrangères à des taux d’environ 1,5%. Pour le Dr Boudjemadi, l’Algérie a le potentiel et le savoir-faire pour gagner le pari du renouvelable.
Source : El Watan