Algérie. Seulement 2% des commerçants sont dotés de TPE : Le marché informel freine e paiement électronique

Inscrit dans le cadre de la numérisation de l’économie et du secteur des finances en particulier, le paiement électronique peine encore à prendre son envol.

Les pas franchis jusque-là dans le cadre de la généralisation de la monétique restent, en effet, minimes par rapport aux aspirations, mais aussi par rapport à la densité du tissu économique. Le dernier bilan du Groupement d’intérêt économique (GIE) monétique le montre clairement. D’un côté, la croissance des Terminaux de paiement électronique (TPE) est insignifiante en comparaison avec le nombre des commerçants, de l’autre, en matière de transactions en ligne et de paiement électronique, la hausse est importante. 

L’année 2020 et le premier trimestre de l’année en cours ont connu une forte augmentation de ces opérations, que ce soit en nombre ou en montant. Une évolution boostée par la pandémie qui a poussé les consommateurs à changer les modes d’achat et de paiement. Cependant, les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous.

Ainsi, l’installation des TPE a évolué de près de 30% sur un an à la fin du premier trimestre, demeurant en revanche faible par rapport à la densité du tissu économique national.

Pour plus de deux millions de commerçants enregistrés au niveau du Centre national du registre de commerce (CNRC) à février dernier, l’on ne compte paradoxalement que 38 144 terminaux de paiement électronique à la même période. Ce chiffre est certes en évolution par rapport à l’année dernière (29 469 TPE) avec 8675 nouveaux terminaux, cependant, il est insignifiant comparativement au nombre des commerçants.

Autrement dit, seulement 2% des inscrits au CNRC disposent d’un TPE. Au total, le nombre des TPE est passé de 6000 en 2018 à 3800 actuellement, soit une augmentation d’à peine 16%, ce qui dénote du faible engouement des commerçants à ce mode de paiement. D’ailleurs, selon l’administrateur de GIE monétique, Madjid Messaoudene, (lire entretien), la question cruciale est d’aller chercher cette adhésion auprès de commerçants. «Chose pas très aisée au regard de la part du marché informel dans l’économie nationale», estime-t-il.

Ce faible déploiement touche également les Distributeurs automatiques de billets (DAB). Le parc national des guichets/distributeurs automatiques de billets GAB/DAB est à titre indicatif composé de seulement 3030 automates (+0,17% par rapport au 1er trimestre 2020).

La pandémie booste les transactions en ligne

Parallèlement, en dépit de ce déficit en équipements, les transactions en ligne ont connu une forte progression en 2020 et durant le premier trimestre 2021. La pandémie de coronavirus a en effet accéléré l’évolution dans ce cadre. 

Ainsi, le bilan du GIE monétique fait ressortir plus de 483 801 transactions réalisées par TPE durant les trois premiers mois de 2021, pour un montant global de 3,165 milliards de dinars. Sur une année, l’évolution a été de 384,34%, alors que la croissance a été de 247,80% concernant les transactions en ligne pour un montant de plus de 5 milliards de dinars avec une hausse des cartes interbancaires à plus de 10,7 millions de cartes. Entre janvier et mars 2021, le montant s’est établi à plus de 2,2 milliards de dinars, contre 634 millions de dinars à la même période de l’année précédente. Pour toute l’année 2019, ce montant était beaucoup plus faible avec 1,576 milliard de dinars.

Pour rappel, en septembre 2020, la GIE monétique avait déjà recensé environ 3 369 892 de transactions depuis le lancement de l’e-paiement, en 2016. Des transactions rattachées en grande partie aux services de télécommunications comme le montre également le dernier rapport. Il faut dire aussi que le nombre de transactions en ligne, sur l’année 2020, a de loin dépassé celui enregistré durant les quatre années précédentes entre 2016 et 2019, et ce, même si les moyens mis en place par les banques sont les mêmes qu’avant 2020.

Cela pour souligner que la crise sanitaire a dévoilé l’importance de la technologie au sein du système bancaire. Un domaine où le retard est criant, d’où la nécessité d’accélérer la transition tant prônée vers les technologies de l’information et de la communication dans ce secteur.

Il y a aussi l’urgence de bien cerner (comme le rappellent à chaque fois les experts) le marché pour instaurer une stratégie en adéquation avec les besoins, et ce, d’autant que le manque à gagner est important, selon l’expert en monétique Adel Abderrahmane Khalef. Selon ce spécialiste, avec un parc d’utilisateurs de smartphones oscillant entre 23 et 25 millions, le Trésor public pourrait engranger jusqu’à 2 milliards de dollars par an.

Source : El Watan

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