Condamnation de Boualem Sansal : la France se dit "mobilisée, déterminée, engagée"

La France « est mobilisée, déterminée, engagée » face à la condamnation de Boualem Sansal », a déclaré lundi le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot dans une publication sur le réseau social X.

« Il ne sera jamais seul. Un geste d’humanité est nécessaire et attendu », a poursuivi le chef de la diplomatie, qui s’est rendu à Alger dimanche, où il a rencontré plusieurs dirigeants dont le président Abdemadjid Tebboune.

Au terme de cette journée d’échanges, Jean-Noël Barrot a jugé nécessaire de « tourner la page des tensions pour reconstruire un partenariat d’égal à égal, dans l’intérêt (des) deux pays ».

« Nous reprenons notre coopération dans tous les domaines », a-t-il enfin fait savoir après plusieurs mois de crise entre Paris et Alger.

S’agissant du cas spécifique de l’écrivain algérien Boualem Sansal, naturalisé français en 2024 et condamné à 5 ans de prison le 27 mars dernier, la France continue de se mobiliser.

Début avril, au cours d’un échange avec son homologue algérien, Emmanuel Macron a appelé à « un geste de clémence » à l’égard de l’écrivain.

Selon la presse algérienne, Boualem Sansal, arrêté en novembre dernier, a fait appel de sa condamnation et devrait donc bénéficier d’un nouveau procès dans les prochains mois.

Si de nombreuses personnalités en France appellent Abdelmadjid Tebboune à le gracier, cette mesure n’est possible qu’à condition que toutes les voies de recours aient été épuisées.

-- Un contentieux profond

L'affaire Sansal fait partie d'un contentieux historique profond entre l’Algérie et la France.

En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués pendant la colonisation, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.

Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, l'été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.

Plus récemment, l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn.

Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) qui menaçaient de recourir au « rapport de force ».

Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».

Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour « défendre les intérêts des Français ».

Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'appel téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'aïd el-Fitr, fin mars, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril, annonçant "une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal" entre la France et l’Algérie.

Source: AA

De la même section International