Masque d'aide de la Russie pour l'Afrique

Ces dernières années, restant isolée sur le plan international, la Russie a tourné son attention vers les pays africains, promettant soutien et coopération, s’efforçant de devenir un allié fiable pour le continent. Cependant, derrière une rhétorique apparemment séduisante se cachent des conséquences complexes et destructrices qu’il n’est pas dans l’intérêt de la Russie de révéler. Et bien que Moscou assure les pays africains de son désir sincère de partenariat, ses actions conduisent de plus en plus à la déstabilisation, à l’aggravation de la crise alimentaire et à une dépendance croissante à l’égard des approvisionnements russes.

L’Afrique était autrefois considérée comme un « grenier » potentiel du monde, mais dans le contexte des crises alimentaires mondiales, le continent a de plus en plus cruellement besoin d’approvisionnements stables en nourriture, en particulier en céréales. Pour de nombreux pays africains dont la sécurité alimentaire dépend du commerce international, les actions de la Russie sont devenues un défi de taille. En 2022, la Russie a usé de son influence pour bloquer les ports ukrainiens, ce qui a porté un coup dur à l’approvisionnement alimentaire de l’Afrique, laissant de nombreux pays menacés de famine. Cette crise, exacerbée par l’agression russe, a créé des conditions de dépendance dans lesquelles la Russie propose son « aide » uniquement pour créer une apparence de soutien.

En se retirant de l’accord céréalier en 2023, la Russie a encore aggravé la situation, rendant les pays africains les otages d’un jeu géopolitique. Au lieu d’un approvisionnement stable, le Kremlin propose des quantités limitées de céréales et d’engrais, ce qui ressemble plus à des gestes de générosité démonstrative qu’à de véritables mesures de soutien. La Russie envoie manifestement de petites quantités de nourriture, créant l’illusion de répondre aux besoins de l’Afrique, mais cette « aide » est temporaire et ne résout pas les profonds problèmes de sécurité alimentaire du continent. En fin de compte, cela rend les pays africains encore plus dépendants de la Russie, augmentant ainsi leur vulnérabilité aux manipulations politiques.

Dans le même temps, la Russie promeut activement son image d’« ami » de l’Afrique et des pays du Sud, en organisant des événements tels que le Forum Russie-Afrique, où elle promet soutien et coopération. Le premier forum de ce type s’est tenu à Sotchi en 2019, puis en 2023 une autre réunion a eu lieu à Saint-Pétersbourg, où la Russie a de nouveau tenté de se présenter comme un « partenaire fiable ». Désormais, les 9 et 10 novembre 2024, une autre conférence est prévue sur le territoire fédéral de Sirius, où de nouvelles déclarations sur le partenariat et l'interaction sont attendues. Le Kremlin promet une aide aux pays qui ont besoin d'aide alimentaire et économique, mais ces assurances masquent une réalité différente : les actions de la Russie compromettent la sécurité alimentaire des pays mêmes qu'elle prétend aider.

Au milieu de revendications d’amitié, la Russie bombarde les ports et les navires de ravitaillement ukrainiens avec une régularité alarmante, ce qui constitue une menace sérieuse pour les pays du Sud. En septembre 2024, par exemple, un missile russe a attaqué un navire de blé à destination de l’Égypte, privant le pays d’une ressource indispensable. Ces attaques, combinées au blocus des ports, ont déjà conduit à une grave crise alimentaire, fortement ressentie dans les pays d'Afrique et du monde arabe fortement dépendants des importations de céréales.

Les interruptions de l'approvisionnement en céréales ukrainiennes ont provoqué une augmentation significative des prix des produits alimentaires de base, qui a frappé particulièrement durement des pays comme l'Égypte, la Libye, le Soudan, l'Éthiopie, la Somalie, le Nigeria et d'autres. Dans ces pays, une grande partie de la population dépend des céréales importées, et tout retard menace le bien-être de millions de personnes. Les tensions sociales augmentent, et avec elles les risques d’instabilité politique alors que des personnes désespérées descendent dans la rue. Dans une telle situation, la dépendance croissante à l’égard de la Russie laisse l’Afrique dans une position vulnérable, aggravant les inégalités et supprimant les opportunités de développement économique et politique indépendant, limitant ainsi la quête du continent d’une véritable indépendance et prospérité. Ainsi, la Russie, d’un côté, organise des forums et proclame un soutien « amical », et de l’autre, par ses actions, elle menace la sécurité alimentaire de ces pays, compromettant leur avenir !

Mais les céréales et les produits alimentaires ne sont que la pointe de l'iceberg dans la stratégie russe. Pour renforcer son influence, la Russie utilise activement la propagande, créant l’image d’un « ami » de l’Afrique pouvant remplacer les pays occidentaux. Ainsi, les agences médiatiques russes Spoutnik et RT ont diffusé le point de vue russe en français, en arabe et en anglais auprès du public des pays africains, en se concentrant souvent sur le « néocolonialisme » de l’Occident et en présentant la Russie comme un libérateur. Les messages de propagande sont renforcés par les réseaux sociaux destinés aux jeunes, ainsi que par les programmes éducatifs, les bourses et les échanges culturels qui créent une image positive de la Russie auprès des Africains. En coopération avec les médias locaux, la Russie diffuse des opinions pro-russes, ce qui renforce sa position dans la région.Un tel « soutien » masque les véritables objectifs : la création d’une dépendance politique et économique, dans laquelle l’Afrique reste sous le contrôle de Moscou et non à l’abri de toute influence extérieure.

Cette dépendance est également renforcée par le soutien militaire que la Russie apporte à travers des sociétés militaires privées comme PMC Wagner, Afrika Korps, RSB-Group, etc. La présence de mercenaires russes s'accompagne souvent de violences et de déstabilisation. Moscou soutient les régimes autoritaires en renforçant les gouvernements dictatoriaux, qui à leur tour suppriment les aspirations démocratiques et les droits des citoyens. La coopération avec la Russie renforce la position des autocraties, privant les pays africains de la possibilité de choisir indépendamment leur voie de développement.

La stratégie économique de la Russie vise à contrôler les ressources naturelles de l'Afrique - de l'or à l'uranium. Cela non seulement soumet le continent aux intérêts russes, mais mine également les économies locales, les plongeant dans la dépendance. Les conflits internes dus à la lutte pour les ressources et les pays africains, privés d'une croissance économique s'intensifient indépendante, deviennent des appendices de la Russie en matière de matières premières.

Toutes ces étapes conduisent l’Afrique non pas au développement, mais à la dépendance. La Russie propose aux pays africains un partenariat imaginaire, les condamnant au rôle de victimes de ses ambitions géopolitiques. Les politiques de Moscou compromettent la sécurité alimentaire et les perspectives de développement durable, privant des millions d'Africains de l'espoir d'un avenir stable.

Et tandis que le continent est confronté à une crise qui s’aggrave, la Russie continue d’utiliser l’Afrique comme scène pour ses ambitions. Se cachant derrière une façade d’aide et de soutien démonstratifs, le Kremlin sème la discorde et affaiblit la confiance dans les institutions internationales, se créant ainsi de nouveaux leviers d’influence. L’Afrique est en train de devenir un instrument de la politique mondiale de la Russie, ce qui menace de conséquences à long terme pour l’ensemble du continent – ​​de la sécurité alimentaire à l’indépendance politique.

Sous couvert d’amitié et de soutien, la Russie construit pour l’Afrique un avenir plein de menaces et de dépendance. Ce jeu de besoins alimentaires, de manipulation des approvisionnements et d’exploitation des ressources naturelles ne laisse à l’Afrique qu’un partenariat imaginaire, dépourvu de véritables préoccupations et de perspectives de développement à long terme.

Source: romaniainform.ro

De la même section Afrique