Crise sanitaire : La France entre fiasco et dissimulations

Alors que le pays est confiné pour la troisième fois en un an, la stratégie de l'Exécutif face à la covid-19 est pointée du doigt

Fin 2020, la mission d’information de l’Assemblée nationale et la Commission d’enquête du Sénat, ont rendu un rapport visant à évaluer la gestion de la crise sanitaire par l’Exécutif.

Les conclusions sont claires, et pointent de nombreuses lacunes et erreurs, parfois lourdes de conséquences, dans la manière dont le gouvernement français a appréhendé la pandémie.

Si la covid-19 touche la planète entière depuis maintenant plus d’un an, chaque pays a pu mettre en place une stratégie qui lui est propre et ainsi adapter ses dispositifs de lutte, en fonction de l’évolution locale de la situation épidémique.

Le fiasco des masques

Dès l’apparition des premiers cas de contamination dans l’Hexagone, les autorités ont été claires sur la question des masques, et ont appelé les citoyens à rapporter les stocks dont ils disposeraient, chez leurs pharmaciens, prétextant qu’il était inutile d’en porter.

Au cours d’une interview télévisée diffusée sur la chaîne BFMTV, la porte-parole du gouvernement à l’époque Sibeth N’Diaye, était allée jusqu’à se livrer à une démonstration hasardeuse, pour illustrer le fait que les Français ne doivent pas porter de masques car il ne savaient pas les utiliser.

Mais ce mensonge politique visait en réalité à cacher une toute autre réalité: la pénurie, et le défaut de stocks.

Dans leur rapport, les parlementaires estiment que la pénurie de masques a été « sciemment dissimulée » aux Français par le gouvernement.

Ils déplorent « le triple constat d’un défaut de préparation, d’un défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie, et d’un défaut de communication adaptée ».

S’agissant précisément de ce sujet, la Commission d’enquête assure que « la pénurie de masques restera le triste symbole de l’état d’impréparation du pays et du manque d’anticipation des autorités sanitaires face à la crise ».

Depuis 2013, l’Hexagone ne disposait plus de stocks nécessaires à faire face à une pandémie de grande ampleur.

Le fiasco des tests

Avant d’être désormais déployés à grande échelle et accessibles à tous dans des délais relativement raisonnables, les tests de dépistage n'étaient pas à la portée de tous et la France a connu de grandes difficultés à faire tester ses citoyens.

À l’automne dernier, alors que le pays connaît une première recrudescence du nombre de cas, laissant penser à une deuxième vague épidémique, la région parisienne notamment, était en proie à des lacunes en la matière.

« Quand j’ai été identifiée comme cas contact, j’ai appelé tous les laboratoires de la capitale pour essayer d’être testée mais on m’annonçait systématiquement des délais délirants qui pouvaient aller jusqu’à une semaine » explique Sarah, cadre du secteur privé agroalimentaire.

Elle explique avoir été obligée « pendant trois jours d’affilée, de faire la queue devant un laboratoire qui prenait les patients sans rendez-vous, dès 4 heures du matin, pour tenter d’être dans les 100 premiers sur place (nombre de tests maximum par jour) ».

Sur place, elle a attendu « plusieurs heures » mais n’était « malheureusement pas dans les 100 premiers les deux premiers jours » et a dû rebrousser chemin.

Durant cette période, le gouvernement a reconnu des difficultés, avant de résoudre le problème, en permettant notamment aux pharmaciens de pratiquer des tests antigéniques et ainsi soulager la pression exercée sur les laboratoires d’analyses médicales.

Le fiasco des vaccins

Le 26 décembre, la France a entamé sa campagne de vaccination en grandes pompes, sous les caméras et micros de très nombreux médias.

Les objectifs sont ambitieux et le Président Emmanuel Macron veut aller vite et espère respecter un agenda qui lui permette de déployer sa stratégie vaccinale.

Très vite, là encore, le pays fait face à la réalité et comme de nombreux autres pays européens, l’Exécutif français est confronté à des embûches.

Et la situation ne semble pas pouvoir s’améliorer à ce stade, en raison notamment de retards de livraison par le laboratoire AstraZeneca.

À ce propos, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a d’ores et déjà annoncé mercredi, que l’Union Européenne ne recevra que 70 millions de doses d’ici fin juin, au lieu des 180 millions qui avaient été actées contractuellement.

Les 27, vont adresser une lettre de mise en demeure au géant pharmaceutique afin de le rappeler à ses engagements, et évoquent la possibilité de sanctions en cas de non-respect.

Les retards de livraison ont évidemment eu un impact de ralentissement sur la campagne vaccinale.

À Marseille par exemple, des centaines de personnes ont vu leurs rendez-vous déprogrammés courant mars.

« On a eu l’impression qu’il fallait être pistonné pour obtenir cette première injection » déplore Fatma, une octogénaire dont la vaccination a été repoussée à deux reprises.

Néanmoins, en dépit des tracas et des complexités rencontrées par les autorités françaises, les choses se sont largement décantées, particulièrement s’agissant des masques et des tests.

À ce jour, les masques demeurent disponibles dans toutes les grandes surfaces et les plus aucun délai d’attente n’est à déplorer pour se faire tester.

En terme de bilan, la France a enregistré plus de 4,8 millions de contaminations dont plus de 97 mille morts.

À noter par ailleurs que le pays est confiné pour la troisième fois en un an, et espère retrouver quelques libertés d’ici le mois de mai.

Source : AA

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