Ahmed Néjib Chebbi, chef du Front de salut national en Tunisie, a estimé, ce mardi, que "la nouvelle loi électorale limite la liberté de participer aux élections législatives".
C’est ce qui ressort du discours de Chebbi, lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale Tunis. Les autorités n'ont, pour leur part, émis aucun commentaire officiel à propos de ces déclarations jusqu’à 10 h 30 GMT.
"Toutes ces circonstances confirment que cette loi n'est pas apte à créer un organe représentatif (Parlement), mais perpétuera un système de base que (le président) Kaïs Saïed tente d’instaurer", a affirmé Chebbi.
Le président Saïed a émis, dans la journée du jeudi dernier, un décret appelant les citoyens à des élections législatives le 17 décembre, en plus d'un décret visant l’amendement de la loi électorale, basée sur le vote individuel et le redécoupage des circonscriptions électorales.
Selon l'article premier du décret présidentiel, “les électeurs sont appelés le samedi 17 décembre, à élire les membres de la Chambre des représentants du peuple (Parlement), et les électeurs résidant à l'étranger sont appelés au vote dans les journées du jeudi, vendredi et samedi 15, 16 et 17 décembre 2022”.
Depuis le 25 juillet 2021, la Tunisie traverse une crise politique après l’instauration des mesures d’exception par le président Saïed, avec notamment la dissolution du Parlement et du Conseil de la magistrature, la promulgation de lois par décret présidentiel, la destitution du chef du gouvernement et la nomination d’un autre à la place.
La majorité des forces politiques et civiles rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution". D'autres forces politiques tunisiennes soutiennent ces mesures et voient en elles une "rectification du cours de la révolution de 2011", qui a renversé le pouvoir du président Zine el-Abidine Ben Ali.
Le porte-parole du mouvement Ennahdha, Imad Khemiri, a, pour sa part, souligné lors de la conférence, que "le but de ce qui s'est passé hier, lundi, lors de l’interrogatoire du président du mouvement, Rached Ghannouchi, et son vice-président, Ali Larayedh, est de réprimer des dirigeants nationaux et de supprimer les voix qui s'opposent au coup d'État (en référence aux actions du président Saïed)".
Riadh Chaïb, conseiller politique du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a annoncé dimanche la convocation de ce dernier et de son vice-président, Ali Larayedh, dans le cadre d’une enquête de la Brigade antiterroriste autour de l’affaire d’"envoi (de Tunisiens) vers des foyers de tension et de terrorisme" à l'extérieur du pays".
Khemiri a estimé que "de graves violations survenues hier, au cours de l'interrogatoire, portent atteinte aux droits de l'homme, par le fait de garder Ghannouchi depuis midi jusqu'à trois heures du matin, sans le questionner à propos de l'enquête".
Le parquet avait décidé de reporter l'audience de Ghannouchi pour la journée du mardi à midi (11 h 00 GMT).
Selon le porte-parole du mouvement Ennahdha, cela "est considéré comme une violation des droits et libertés et une forme de torture infligée à un citoyen libre, qui s’est rendu de sa propre volonté pour les besoins d’une enquête sur une affaire et un dossier fabriqués".
Le parquet de Tunisie a décidé, ce mardi, de mettre Larayedh aux arrêts, et de le renvoyer mercredi devant le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, dans ce que les médias qualifient de “dossier d’envoi (de Tunisiens) vers des foyers de tension“, une action condamnée par le mouvement Ennahdha.
Source : AA