Le président tunisien, Kaïs Saïed, a exhorté, mardi, les autorités américaines à prêter une écoute attentive à leurs homologues tunisiennes « pour connaître la réalité de la situation en Tunisie ».
Saïed s’exprimait lors de sa rencontre avec la sous-secrétaire d'État américaine pour les Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, au Palais présidentiel de Carthage, selon un communiqué de la présidence de la République tunisienne.
« La rencontre a porté sur le développement des relations bilatérales entre la Tunisie et les États-Unis d’Amérique », indique le communiqué.
Le chef de l’Etat a, à cette occasion, mis au clair certaines questions liées au processus en cours en Tunisie, infirmant les allégations entretenues par certaines parties connues de tous (sans les nommer).
Le communiqué de la présidence a souligné que « Saïed a appelé les autorités américaines à prêter une écoute attentive à leurs homologues tunisiennes pour connaître la réalité de la situation ».
Saïed a réitéré lors de cette rencontre « l’attachement de la Tunisie à sa souveraineté et son refus de toute ingérence dans ses affaires internes ».
Le locataire du Palais de Carthage a également exprimé « son mécontentement face aux déclarations faites par un certain nombre de responsables américains récemment ».
L’entretien a également permis d’évoquer la situation économique et sociale de la Tunisie et l'aide que peut apporter la communauté internationale pour permettre au pays de surmonter les difficultés, selon la même source.
Le 21 août, Saïed avait affirmé, lors de son entretien avec une délégation du Congrès américain au Palais de Carthage, que les déclarations de certains responsables américains au sujet de son pays étaient « inacceptables », soulignant que la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain.
Le 29 juillet, la diplomatie tunisienne a annoncé, dans un communiqué, qu'elle avait convoqué la Chargée d'Affaires de l'ambassade des États-Unis en Tunisie, Natasha Franceschi, sur fond de déclarations faites par des responsables américains au sujet du référendum sur la Constitution, jugées inacceptables par Tunis.
Le 28 juillet, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait publié une déclaration relayée par l’ambassade américaine à Tunis, dans laquelle il estime que « la nouvelle Constitution pourrait affaiblir la démocratie en Tunisie ».
La déclaration du numéro 1 du département d'État des États-Unis a coïncidé avec une allocution prononcée devant le Congrès par le nouvel ambassadeur des États-Unis en Tunisie, Joey Hood, lors de laquelle il a affirmé qu'il « utiliserait tous les leviers de l'influence américaine pour plaider en faveur du retour à un régime démocratique ».
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a entrepris d'imposer des mesures d'exception, notamment la destitution du gouvernement et la nomination d’un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets, l'adoption d'une nouvelle Constitution pour le pays et la tenue d'élections législatives anticipées.
Plusieurs forces politiques et sociales tunisiennes, rejettent les décisions de Saïed, qu'elles considèrent comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011, qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Source : AA