Six migrants sont morts près de la côte d’Alger, en Algérie, après le naufrage de leur embarcation lundi matin, alors que six autres ont été secourus, ont annoncé des garde-côtes, cités par des médias locaux, précisant que plusieurs autres personnes sont portées disparues.
Le naufrage a eu lieu, selon les mêmes sources, à 4h00 du matin (3h00 GMT) près de Baïnem, à quelques kilomètres à l’ouest du centre-ville d’Alger. « Six corps ont été repêchés, et six personnes blessées, dont une femme enceinte, ont été transférées à l’hôpital de Baïnem », ont fait savoir les mêmes sources.
Des recherches menées par les garde-côtes algériens et les éléments de la Protection civile, a-t-on ajouté, se poursuivent pour retrouver d’autres migrants qui étaient dans le bateau et qui sont portés disparus. Ils seraient près de 20 personnes, de diverses nationalités, à monter dans cette embarcation de fortune pour tenter la traversée vers l’Europe.
Les migrants clandestins recourent, souvent, à la location d'une simple embarcation à près de 2000 dollars par place pour essayer d’atteindre l’autre rive de la Méditerranée. Mais le voyage est toujours à haut risque.
Le drame qui s’est produit ce lundi au large d’Alger est un nouvel épisode douloureux des tentatives des migrants africains de traverser clandestinement la Méditerranée pour se rendre en Espagne. Pour lutter contre ce phénomène, l’Algérie procède régulièrement à des arrestations de migrants au large de ses côtes, et à ses frontières sud d’où arrivent des Subsahariens pour poursuivre leur chemin vers l’Europe.
Du 27 juillet dernier au 2 août courant, les garde-côtes algériens ont procédé au sauvetage de 147 individus à bord d’embarcations de construction artisanale, alors que 39 immigrants clandestins de différentes nationalités ont été arrêtés à travers le territoire national.
Les conséquences des restrictions sur les visas
Selon le sociologue algérien, d’origine malgache, Mohamed-Saïb Musette, un spécialiste des mouvements migratoires, « la migration irrégulière par voies maritimes-dite ‘’Harga’’ au Maghreb est symptomatique des niveaux de restrictions imposées à la migration régulière ». « La baisse du nombre de visas délivrés aux Algériens n’est que la partie visible des contraintes de mobilités. La tendance des départs peut être observée à travers le niveau des interceptions par FRONTEX », a-t-il expliqué dans une courte analyse des chiffres sur la migration clandestine, rendus publics par cette agence il y a quelques jours.
Le sociologue note, dans ce sens, que FRONTEX « ne mentionne pas les personnes arrivées à bon port sans être interceptées, ni le nombre de candidats portés disparus ou noyés dans la Méditerranée ».
« Les informations diffusées sur Internet doivent être prises avec précaution. Les données de FRONTEX aussi doivent être traitées avec prudence. Cette agence n’est pas habilitée à identifier la nationalité des haraga. Elle peut tout au juste identifier la provenance sans pour autant affirmer que les ressortissants sont de telle ou telle nationalité. Les tendances qu'on peut observer à travers ces données depuis janvier 2021 à mai 2022 sont assez éloquentes, car les ressortissants supposés provenir de l'Algérie sont moins nombreux que ceux des pays voisins », a-t-il précisé.
Selon lui, « on peut observer durant la période juin-octobre 2021 qu’il y a eu une interception record pour l’Algérie, avec 3143 haraga (migrants clandestins) au mois de septembre jamais enregistré depuis plus d’une décennie ».
« Ce record pour l’Algérie est aussi moins fort que les volumes des interceptions pour la Tunisie (avec plus de 4000 aux mois de juillet Août). Il est aussi inférieur à celles du Maroc (avec 3 363 haraga) à la même période. Pour le début de cette année, la tendance se situe à la normale saisonnière moins intense que celle des pays voisins », a-t-il conclu.
Source : AA