Les autorités algériennes ont entamé officiellement les préparatifs pour l’introduction de l’enseignement de la langue anglaise à partir de l’école primaire. La décision, annoncée il y a quelques semaines en conseil des ministres, sera effective dès la prochaine rentrée (2022-2023).
« Elle (la décision) sera appliquée cette année pour que l’Algérie accède à l’universalité, car l’Anglais est une langue internationale », a déclaré, dimanche dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune lors d’une interview diffusée par les chaînes de télévision publiques.
Qualifiant le Français de "butin de guerre", en paraphrasant l’écrivain algérien d’expression française, Kateb Yacine (1940-1989), le chef de l’Etat algérien ne précise pas si l’enseignement du français, première langue étrangère au primaire en Algérie, sera remplacé par celui de l’anglais.
Aussitôt après cette déclaration, les directions de l’éducation de différentes wilayas (départements) ont lancé, à partir d’aujourd’hui, des avis de recrutement des enseignants d’anglais. Dans des communiqués rendus publics, ces directions de l’éducation invitent les candidats, détenteurs des licences d’anglais ou de traduction vers l’anglais, à déposer, dès demain, mercredi 3 août, leurs dossiers en vue de signer des contrats d’enseignants.
Selon les documents consultés par AA, les concernés doivent déposer leurs dossiers composés d’une demande manuscrite, d’une résidence, d’une copie de diplôme et d’un justificatif concernant le service national (pour les hommes). Les candidats, selon les communiqués, seront recrutés en tant qu’enseignants contractuels.
Cette opération risque d’être, en tout cas, lourde et très coûteuse pour le budget du ministère de l’éducation. Comptant aujourd’hui, plus de 500.000 enseignants, toutes matières confondues, les autorités doivent trouver et recruter aussi des milliers d’enseignants d’anglais pour couvrir les besoins de 19.037 écoles primaires du pays. Il faut au moins plus de 19 000 enseignants à recruter en l’espace d’un mois. La tâche risque d’être difficile.
Montée de l’opinion anti-française
L’anglais, rappelons-le, est enseigné, depuis l'indépendance de l’Algérie, à partir de la 1ère année du cycle moyen. Le français, quant à lui, est dispensé à partir de la troisième année primaire.
L’idée de remplacer le français par l’anglais dans l’enseignement en Algérie est revenue avec insistance ces dernières années. Depuis 2020 de nombreuses institutions et ministères ont pris l'initiative de bannir l’utilisation du français dans leurs communications, en exigeant l’usage exclusif de l’arabe dans les correspondances officielles.
Les appels à couper les amarres avec la France, notamment en abandonnant l’enseignement du français, se sont multipliés ces derniers mois. Mais la mise en œuvre de la décision d’introduire l’enseignement de l’anglais au primaire risque d’être problématique, faute de formation d’un nombre suffisant d’enseignants de cette langue.
Dans une déclaration, faite hier à des médias locaux, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) a proposé une idée, qualifiée pas beaucoup d’étrange, à savoir la «reconversion (il a parlé de recyclage, ndlr) des enseignants du français pour assurer des cours d’anglais ».
Source : AA