Observatoire tunisien: les dissensus sur la Constitution font peser des risques sur les résultats du vote référendaire

Les dissensus sur la nouvelle Constitution font peser des risques sur les résultats du vote référendaire prévu le 25 juillet, a averti jeudi, un observatoire tunisien chargé du contrôle des élections.

C'est ce qui ressort des déclarations de la présidente de l’Observatoire « Chahed » pour le contrôle des élections et l'appui aux transitions démocratiques, Ola Ben Nejma, lors d'une conférence de presse tenue par cette ONG dans la capitale, Tunis.

Ben Nejma a déclaré que « Les dissensus entre les acteurs politiques ainsi que les différentes lectures de ce qui se passe dans le pays, s'agissant notamment des interprétations des articles de la Constitution, font peser des risques sur les résultats du référendum, qui peuvent être rejetés par la société civile ».

« Si nous nous référons au code de bonne conduite en matière référendaire, nous constatons que nous sommes en dehors des cadres juridiques internationaux et cela risque de discréditer les résultats du référendum », a fait observer la présidente de l’Observatoire « Chahed ».

Ben Nejma a tenu à préciser que les membres de l’Observatoire « ne sont ni pour ni contre la Constitution, mais leur rôle consiste à contrôler le processus référendaire et à éclairer l'opinion publique sur ce qui se passe ».

De son côté, Naceur al-Orabi, membre de l'Observatoire « Chahed », a fait part, lors de cette conférence de presse, de l’existence de « quelques lacunes dans l’opération d'inscription des électeurs qui ont affecté la campagne référendaire ».

« Cette opération a révélé une forme d’improvisation en ce qui concerne les délais et les dates qui ont été fixés préalablement par décrets-lois », a-t-il relevé.

Naceur al-Orabi a estimé que cela constitue « Un empiétement sur les prérogatives de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), notamment pour ce qui est de la question de l'ouverture et de la fermeture des bureaux de vote ».

Le vote référendaire se tiendra le lundi 25 juillet à partir de 06h00 du matin (heure locale) et jusqu’à 22h00, alors qu’il avait débuté lors des précédents scrutins à 08h00 pour finir à 18h00.

Selon les données communiquées par l’Isie, 9 296 064 Tunisiens sont inscrits au registre électoral.

Pour les électeurs résidents à l'étranger, les opérations de vote débuteront le samedi 23 juillet et prendront fin le lundi 25 juillet 2022, dans les centres de vote créés à cet effet.

La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président de la République Kaïs Saïed avait imposé des « mesures d’exception », en limogeant le Chef du gouvernement, en suspendant les activités du Parlement avant de le dissoudre le 30 mars 2022, et en légiférant par voie de décrets.

Le chef de l’État, avait dévoilé en décembre dernier une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, dans laquelle il a annoncé un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet 2022, avant des législatives anticipées le 17 décembre, après révision de la loi électorale.

Plusieurs forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme étant un « coup d’Etat contre la Constitution », alors que d’autres forces les qualifient de « restauration du processus de la révolution de 2011 », qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, estime que ses mesures ont été prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat d'un « péril imminent ».

Source : AA

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