"Le pays est à l'orée d'une situation de liquidations politiques et de compromission des libertés publiques, de la part d'un régime qui détient tous les pouvoirs", a déclaré, lundi, Ahmad Nejib Chebbi, opposant tunisien, président du Front du salut national.
Chebbi a affirmé lors d'un point de presse tenu à Tunis : "On s'apprête maintenant à une campagne de répression de la part des autorités contre les hommes et les femmes de première ligne de l'action politique et sociale dans le pays".
Il a accusé le pouvoir de "cibler le président du Parlement dissous (Rached Ghannouchi), l'ancien Premier ministre (Hamadi Jebali) dans l'affaire de l'association [Namaa Tounes] (Essor de la Tunisie), ainsi que l'ancien ministre de la Défense (Abdelkrim Zbidi) dans une affaire de société privée (Instalingo) accusée de blanchiment d'argent".
Chebbi a rapporté que suite à une récente rencontre avec Rached Ghannouchi, il lui a confié qu'il était "né sur cette terre et qu'il y mourrait", précisant que selon les données préliminaires, "il parait que je vais être arrêté" (dixit Ghannouchi).
Il a souligné que Ghannouchi avait "nié tout lien avec l'association Namaa Tounes" ainsi qu'avec la société Instalingo.
Chebbi a ainsi appelé toutes les forces pour la liberté et la démocratie : "Ne restez pas silencieux pour éviter la catastrophe ! Opposez-vous à l'instrumentalisation de la justice et des institutions de l'Etat dans des tiraillements politiques".
Mercredi dernier, la justice tunisienne avait convoqué le président du mouvement Ennahdha, en tant qu'accusé, dans le cadre de l'affaire "Namaa Tounes", une association de développement.
Mardi, la Commission des analyses financières relevant de la Banque centrale de Tunisie, avait déclaré le gel des comptes bancaires et des avoirs de Ghannouchi et de 9 autres personnes.
Outre Ghannouchi et l'un de ses fils, l'annonce comprenait également Hamadi Jebali et ses deux filles, ainsi que l'ancien ministre des AE, Rafik Abdessalem et bien d'autres.
Pour rappel, depuis le 25 juillet 2021, la Tunisie avait plongé dans une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait décidé des "mesures exceptionnelles", dont notamment la dissolution du Parlement et le Conseil supérieur de la magistrature, l'émission de législations sous forme de décret-loi et la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre prochain.
Certaines parties tunisiennes considèrent ces mesures comme étant un "coup d'Etat contre la Constitution", alors que d'autres les voient comme "une rectification du processus révolutionnaire de 2011" qui avait mis fin au règne de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali.
Saïed, élu président en 2019 pour un mandat de 5 ans, affirmait de son côté que ces mesures constituaient des décisions "prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat contre un danger imminent".
Source : AA