L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a annoncé, mercredi, que deux magistrats ont rejoint le groupe ayant entamé une grève de la faim depuis deux semaines, en signe de protestation contre la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de révoquer 57 de leurs confrères accusés entre autres de corruption.
Par voie de communiqué, l'AMT a dénoncé "le blocage du dialogue avec l'exécutif", malgré les demandes répétées relatives à ce sujet.
"Au vu de cette situation, deux autres magistrats (dont les noms n'ont pas été dévoilés) ont entamé, mardi, une grève de la faim en soutien à leurs collègues en grève depuis le 22 juin 2022", indique le communiqué.
L'AMT a réitéré son entière solidarité avec les magistrats en grève. Elle a appelé en ce sens les autres magistrats à soutenir leurs confrères grévistes qui ont choisi de mettre leur santé en péril et leur destin en jeu pour défendre l'honneur et la dignité de la justice ainsi que son indépendance contre la mainmise du pouvoir exécutif".
Dimanche, l'AMT a annoncé une suspension temporaire de la grève des magistrats, et appelé l'exécutif à "entamer des négociations pour une sortie de crise".
Début juin, Kaïs Saïed avait publié un décret-loi portant révocation unilatérale de 57 magistrats sur fond d’accusations qui leur ont été adressées dont « l’obstruction au déroulement de l’instruction, l’entrave à l’exercice de la justice en lien avec des affaires de terrorisme, la corruption financière, et l’outrage aux mœurs ».
Les magistrats tunisiens ont entamé, une grève dans tous les tribunaux du pays, à l’appel des principaux syndicats de magistrats, pour protester contre la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de révoquer 57 de leurs confrères.
Mercredi, la coordination des structures judiciaires -formée par les associations et les syndicats de magistrats- a fait part de la détérioration de l'état de santé des juges, Hammadi Rahmani, Ramzi Bahria et Mohamed Taher Kanzari, à la suite de leur grève de la faim.
Pour l'heure les autorités tunisiennes n'ont émis aucun commentaire à ce propos, mais elles mettent l'accent généralement sur l'indépendance de la justice.
La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait imposé des "mesures d’exception", en limogeant le Chef du gouvernement, en suspendant les activités du Parlement avant de le dissoudre le 30 mars 2022, et en légiférant par voie de décrets.
Plusieurs forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme étant un "coup d’Etat contre la Constitution", alors que d’autres forces les considèrent comme étant une "restauration du processus de la révolution de 2011", qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
Source : AA