Tunisie: la police disperse manu militari des manifestants contre le référendum

La police tunisienne a dispersé, samedi, manu militari une centaine de manifestants dans la capitale, Tunis, qui protestaient contre la tenue du référendum sur le projet d'une nouvelle Constitution, prévu le 25 juillet par le président de la République Kaïs Saïed.

Le correspondant de l’Agence Anadolu (AA) a indiqué que la manifestation a été organisée à l’appel de cinq partis politiques à savoir : le « Courant démocrate », le « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (Ettakatol), le « Parti républicain » (Al Jomhouri), le « Parti des travailleurs » et « Pôle démocratique moderniste ».

Les cinq formations politiques ont lancé jeudi une « campagne de boycott du référendum sur une nouvelle Constitution », alors que Saïed avait chargé un comité de rédiger la Loi fondamentale pour une « nouvelle République » et a convoqué officiellement les électeurs pour un référendum sur un projet d’une nouvelle Constitution de la République tunisienne le 25 juillet prochain.

Le correspondant de AA a rapporté que la police a bloqué les manifestants qui tentaient d'atteindre le siège de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), et les a dispersés à coup de gaz lacrymogène.

Les manifestants ont scandé des slogans tels que : « Libertés, libertés ... l'État policier c'est terminé ! », et « Ni peur, ni terreur, le pouvoir appartient au peuple ».

« Nous protestons devant l’instance du président (en allusion à la nouvelle Isie) en tant qu'instance chargé d’assurer la fraude électorale, car nous considérons que son seul but est de truquer le référendum et les élections », a déclaré, le secrétaire général du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, devant la foule de protestataires.

La figure emblématique de la gauche tunisienne a estimé que le processus initié par Saïed « vise à détruire toutes les institutions de l’État, à museler les libertés, et à permettre au président de s'autoproclamer nouveau despote de la Tunisie ».

« La police nous a réprimés violemment, c’est dire le visage hideux de ce régime », a-t-il ajouté.

De son côté, le secrétaire général du « Forum démocratique pour le travail et les libertés », Khalil Zaouia, a déclaré à AA que « la manifestation d'aujourd'hui s'est heurtée à la répression policière et des barrières métalliques ont été placées pour empêcher les manifestants d'atteindre le siège de l’Isie ».

« Nous avons manifesté pacifiquement, cependant, nous avons été violemment dispersés à coup de gaz lacrymogène, ce qui est inacceptable », a indiqué Zaouia.

Pour l’heure, les autorités tunisiennes n'ont pas réagi à ces accusations.

Le chef de l’État avait dévoilé en décembre dernier une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, dans laquelle il a annoncé un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet 2022, avant des législatives anticipées le 17 décembre, après révision de la loi électorale.

Le processus initié unilatéralement par le locataire de Carthage a essuyé les critiques des principales formations politiques tunisiennes, qui ont annoncé le boycott de ce référendum.

L’opposition tunisienne accuse Saïed de « dérive autoritaire » et de vouloir « instaurer un régime plébiscitaire ».

La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait imposé des « mesures d’exception », en limogeant le Chef du gouvernement, en suspendant les activités du Parlement avant de le dissoudre le 30 mars 2022, et en légiférant par voie de décrets.

Plusieurs forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme étant un « coup d’Etat contre la Constitution », alors que d’autres forces les considèrent comme étant une « restauration du processus de la révolution de 2011 », qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Source : AA

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