Tunisie : 5 partis politiques lancent une campagne pour "renverser" le référendum constitutionnel

Cinq partis tunisiens ont annoncé jeudi le lancement d'une campagne pour renverser le référendum sur une nouvelle Constitution. Le Président du pays, Kaïs Saïed, a formé une commission pour rédiger la nouvelle Constitution et appelé à un référendum à ce sujet en juillet prochain.

C'est ce qui ressort d'une déclaration conjointe du Parti républicain, du Courant démocrate, du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés, du Parti des travailleurs et du Pôle (gauche), qui a été lue par le secrétaire général du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale, Tunis.

Hammami a déclaré que les partis susmentionnés lanceront une "campagne nationale pour renverser le référendum sur la Constitution et ce en refusant d'y participer et en appelant à le boycotter.

"Un certain nombre d'activités sur le terrain et dans les médias seront menés dans le but de protéger le pays des dangers de la désintégration et de lutter contre toutes les formes de violation de la souveraineté nationale et d'atteinte aux libertés publiques et individuelles. Nous serons ouverts à toutes les forces politiques et les personnalités démocrates et progressistes qui répondent aux objectifs de la campagne pour faire échouer le référendum", a-t-il expliqué.

Les partis ont estimé que "le projet de référendum est dangereux, par lequel le Président entend donner une fausse légitimité à des décisions toutes faites".

Dans un discours prononcé lors de la conférence, le secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, a déclaré : "Nous appelons aujourd'hui au boycott et au renversement du référendum parce que nous refusons de transformer la Tunisie en État voyou et la soumettre à l'ordre de Saïed".

Il a souligné le refus de retourner au référendum, estimant que le Président Saïed "n'est pas qualifié pour décider unilatéralement du sort de la Tunisie et de son peuple".

Pour sa part, le secrétaire général du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, a déclaré lors de la même conférence que "le référendum va à l'encontre de la Constitution, aux normes internationales et à la souveraineté du peuple".

"La situation économique, sociale et politique en Tunisie est devenue effrayante, et nous allons nous attaquer à cette farce", a-t-il lancé.

Le 25 mai, Saïd a publié un décret appelant les électeurs à voter lors d'un référendum sur une nouvelle Constitution pour le pays. Tandis que les partis d'opposition ont appelé à son boycott.

Le décret intervient 5 jours après la publication d'un autre décret pour former la "Commission nationale consultative pour une nouvelle république" dont la tâche est de rédiger une nouvelle Constitution pour le pays.

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que Saïed a décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, et de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, dans le cadre de mesures exceptionnelles justifiées par la détérioration de la situation économique et l’incapacité de l’Exécutif à gérer la crise pandémique.

Certains partis politiques, dont le mouvement Ennahdha, ont considéré lesdites mesures comme un "coup d’État contre la Constitution", tandis que d'autres y ont été favorables, estimant qu'il s'agissait d'une "rectification du processus révolutionnaire".

Source : AA

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