Washington : les décrets de Saïed ont sapé les institutions démocratiques indépendantes en Tunisie

Les Etats-Unis ont considéré, ce jeudi, que la révocation de 57 juges par le président tunisien, Kaïs Saïed "portait atteinte aux institutions démocratiques indépendantes en Tunisie".

C’est ce qui est ressorti du point de presse quotidien du porte-parole du département d'État américain, Ned Price, rapporté par l'ambassade des États-Unis en Tunisie sur sa page Facebook.

"Les décrets du 1er juin, du président Kaïs Saïed stipulant la révocation de 57 juges et à modifier les règles régissant le Conseil supérieur de la magistrature intérimaire, suivent un schéma d'actions inquiétantes qui ont sapé les institutions démocratiques indépendantes de la Tunisie", a déclaré Ned Price.

"Nous avons constamment informé les responsables tunisiens de l'importance des freins et contrepoids dans un système démocratique", a-t-il ajouté.

Le porte-parole américain a aussi affirmé : "Nous continuons d'exhorter le gouvernement tunisien à poursuivre un processus de réforme transparent et inclusif qui s'appuie sur les contributions de la société civile et de la diversité politique, pour renforcer la légitimité des efforts de réforme".

Au soir du mercredi, Saïed a émis un arrêté présidentiel, publié au Journal officiel pour relever 57 juges de leurs fonctions, sur fond d'accusations à leur encontre, à l’instar des "changements des cours des procès", la "perturbation des enquêtes" sur des dossiers de terrorisme et la "corruption financière et morale".

Parmi les juges les plus éminents concernés par le décret, figurent l'ancien premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached, l'ancien sous-secrétaire du tribunal de première instance de Tunis, Bechir Akremi et l'ancien président du Conseil supérieur de la magistrature, Youssef Bouzakher.

Depuis le 25 juillet 2021, la Tunisie traverse une grave crise politique, lorsque le président Kaïs Saïed avait imposé des mesures exceptionnelles, comme notamment la destitution du gouvernement et la nomination d'un autre à la place, la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature et la promulgation de lois par décrets présidentiels.

Pour certaines forces politiques tunisiennes, ces mesures représentent un "coup d'État contre la Constitution" et visent à rassembler les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre les mains du président.

D'autres mouvances estiment que ces mesures visent à "rectifier le cours de la révolution de 2011", qui avait, à l'époque, renversé l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali.

Source : AA

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