Un groupe de militants politiques en Tunisie a annoncé, ce mardi 17 mai, la création de l’« Instance nationale pour la défense des libertés et de la démocratie » (Indld - non gouvernementale).
C’est ce qui ressort d'une conférence de presse tenue par cette nouvelle instance, dans la capitale, Tunis.
L’Indld est constituée de l'avocat et ancien ministre chargé des droits de l'homme, Ayachi Hammami, qui en assure la présidence, et d’autres membres tels que l'activiste et analyste politique Slaheddine Jourchi, les journalistes Rachid Khechana et Zied El Hani, et l'ancienne présidente de la commission de recherche et d’investigation au sein de l’Instance vérité et dignité, Oula Ben Nejma.
Le président de l’Indld, Ayachi Hammami, a estimé lors de son intervention à cette conférence de presse que « le président de la République, Kaïs Saïed, cherche à travers les mesures d’exception qu'il a prises à instaurer une nouvelle dictature ».
« La situation en Tunisie après le 25 juillet est marquée par une violation manifeste des droits et libertés et le recours sans précédent à la justice militaire », a déclaré Hammami, qualifiant le discours de Kaïs Saïed « d’impétueux à même d’exacerber la division ».
Et l’ancien ministre chargé des droits de l’homme d’ajouter : « Toutes les parties qui ont gouverné la Tunisie au cours des dix dernières années ont contribué à la dégradation de la situation et ont permis à Saïed d’instrumentaliser cette crise pour utiliser les moyens de l'Etat et démanteler ses institutions ».
« Le président de la République s'apprête à organiser un référendum (sur des amendements constitutionnels le 25 juillet), dépourvu des conditions de légitimation démocratique », alors qu'il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire officiel des autorités tunisiennes.
L’Instance nationale pour la défense des libertés et de la démocratie sera chargée de « répertorier les violations des droits de l’homme et défendre l’ensemble des victimes des violations des droits et libertés, soutenir les magistrats dans leur bataille pour l'indépendance de la justice, et de contribuer au rétablissement de la démocratie », a précisé Hammami. L’Indld appelle également à la tenue d’un dialogue national inclusif.
La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d'une crise politique aiguë, lorsque le président de la République Kaïs Saïed avait imposé des mesures « d'exception », s'agissant entre autres de la dissolution du Parlement ainsi que du Conseil supérieur de la magistrature tout en légiférant par décrets présidentiels.
La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.
Source : AA