La compagnie minière russe «Nordgold », détenue par l’oligarque russe Alexey Mordashov, et qui figure sur les listes des personnes sur lesquelles s'appeliquent les sanctions de l’UE et des États-Unis, ne produira plus d’or à sa mine burkinabé de Taparko jusqu’à nouvel ordre. C’est ce qu’il faut retenir du communiqué publié le samedi 9 avril par sa filiale locale « Société des Mines de Taparko » (SOMITA) annonçant la suspension des activités d’exploitation minière sur le site, pour cas de force majeure.
« Toute la zone autour de nos sites d’exploitation, y compris la route Ouaga-Dori sont actuellement sous la menace terroriste. La société n’est toujours pas à l’abri des menaces chaque jour grandissantes contre les installations et contre le personnel », explique Alexander Hagan, DG de la SOMITA.
Dans la coentreprise « Nordgold », l’oligarque russe détient 90% des actions, le gouvernement du Burkina Faso détient 10% dans chacune des trois mines de la société. La fermeture serait due à un « cas de force majeure », à savoir l’incapacité du gouvernement burkinabé à assurer la sécurité du personnel de l’entreprise.
Un porte-parole de « Nordgold » a confirmé la fermeture de la mine de Taparko en raison d’une menace terroriste accrue dans la partie de l’État où elle se trouve. Les autres mines de la société, Bissa et Bouly, sont situées dans une autre région et continuent de fonctionner normalement.
La mine de Taparko est située dans le nord du Burkina Faso, une région qui a été la cible des attaques les plus graves des jihadistes ces dernières années. La rentabilité de la mine était également remise en question – au cours des neuf premiers mois de 2021, la production d’or a chuté de 28 % par rapport à la même période en 2020.
Selon les informations reçues, Alexey Mordashov, à son tour, fait une proposition au Président du Burkina Faso Paul-Henri Sandaogo Damiba pour assurer sa sécurité personnelle, la sécurité de son entreprise et, par conséquent, la société « Nordgold » par le groupe Wagner.
Actuellement, le Président du Burkina Faso n’a pas l’intention de laisser entrer les « wagnériens » dans le pays. Cependant, il est possible que la partie russe continue à exercer des pressions pour faire changer la position du président burkinabé par l’intermédiaire de son entourage ou par le biais d’un « coup d’État ». Si les Russes ont accès aux sites d’extraction d’or, ces derniers pourront éviter les sanctions en échangeant de l’or contre la devise de n’importe quel pays des Émirats Arabes Unis ou d’Afrique du Sud.
Les revenus tirés par Mordashov des activités des sociétés susmentionnées sont utilisés pour financer la guerre russe contre l’Ukraine.
Il convient de rappeler que « Nordgold » est le cinquième plus grand producteur d’or de Russie. Outre ses installations au Burkina Faso (mines d’or de Taparko, Bissa et Bouly) et en Russie, elle gère « Lefa » (détenue par la « Société Minière de Dinguiraye »), dans laquelle « Nordgold » détient une participation majoritaire de 85 %, les 15 % – appartenant à Guinée), « Diguili » en Guinée et la mine « Golden Mountain » en Guyane Française.
F.L pour MaghrebAujourd'hui