Une responsable de l'ONU a affirmé, jeudi, que les journalistes en Tunisie sont visés dans l’exercice de leurs fonctions, soulignant que certains d'entre eux font l'objet d'arrestations et de poursuites judiciaires.
C’est ce qui ressort d’une allocution prononcée par Samar Khamis, Représentante adjointe du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme en Tunisie, lors d'une conférence organisée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) dans la capitale, Tunis, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, sous le titre « Médias et libertés fondamentales: protéger la liberté d'expression et de la presse contre le risque de renversement ».
« Les mesures d’exception sont utilisées pour faire taire les voix dissidentes », a déclaré Khamis lors de son intervention.
La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d'une crise politique aiguë, lorsque le président de la République, Kaïs Saïed, avait imposé des mesures « d'exception », s'agissant entre autres de la dissolution du Parlement ainsi que du Conseil supérieur de la magistrature tout en légiférant par décrets présidentiels.
La responsable onusienne a indiqué que « les mesures d’exception ne doivent aucunement être utilisées pour nier les droits de l'homme et les droits des journalistes, notamment celui d'exercer leurs fonctions ».
De son côté, le président du Snjt, Mohamed Yassine Jelassi, a déclaré à l'Agence Anadolu en marge de la conférence: « nous assistons aujourd'hui à une nette régression en matière de liberté de la presse et de liberté d'expression en Tunisie ».
Et Jelassi de préciser, « nous avons enregistré le plus grand nombre d’agressions contre les journalistes, et plus encore contre les reporters, perpétrées par les forces de sécurité, les manifestants et les représentants de l’État ».
« Le droit d'accès à l'information est complètement piétiné, ni l'État ni les autorités ne fournissent d'informations aux journalistes », a-t-il déploré.
Le président du Snjt a dénoncé ce qu'il a qualifié « de brimades quotidiennes dirigées contre les journalistes et la presse, ainsi que les menaces et les poursuites judiciaires ».
Il a estimé que le pouvoir en place n'a pris aucune mesure pour garantir ces libertés, dénonçant une atmosphère tendue et feutrée peu propice à l’exercice de la profession.
Selon Jelassi, « Le pouvoir en place doit remplir pleinement son rôle pour surmonter ces problèmes et apporter des garanties réelles pour le respect de la liberté de la presse et de la liberté d’expression ».
Jusqu’à 14h25 (GMT), les autorités tunisiennes n'ont pas réagi aux accusations de Khamis et Jelassi.
La Tunisie a régressé de 21 points (places) dans le classement mondial de la liberté de la presse 2022, occupant désormais la 94ème position, alors qu'elle était classée au 73 rang en 2021, sur 180 pays, selon le rapport de Reporters sans frontières, publié mardi dernier.
Source : AA