Le président du mouvement tunisien "Ennahdha", Rached Ghannouchi, a annoncé que l'opposition ne participera pas au référendum du président Kaïs Saïed, compte tenu de la situation qui prévaut actuellement dans le pays.
Ghannouchi, président du parlement dissous, a déclaré, mercredi, dans une interview à la chaîne turque "TRT" Arabe, que la position du mouvement "s'inscrit dans une démarche de front national en cours de formation."
Le président du parlement dissous a estimé que "le référendum de Saïed s'inscrit dans un projet plus large visant la mainmise sur tous les pouvoirs, ce qui va à l'encontre de l'essence même de la démocratie et de la Constitution."
Et d'ajouter : "Le président ne croit pas à la démocratie et à la Constitution" et est résolu à instaurer un régime autoritaire.
Ghannouchi a estimé que "la nomination d'une nouvelle instance électorale par Saïed est une démarche qui fait suite aux précédentes mesures de démantèlement des institutions de l'État, en commençant par le Conseil supérieur de la magistrature et en terminant par l'Instance indépendante pour les élections."
Le président Saïed a fait connaître, lundi, la nouvelle composition de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, qui sera présidée par Farouk Bouaskar, membre de l'instance précédente, et comptera 6 autres membres.
L'Instance supérieure indépendante pour les élections est un organe constitutionnel qui supervise les élections depuis octobre 2011. Elle était auparavant composée de 9 membres "indépendants, neutres et qualifiés", élus par le Parlement à la majorité des deux tiers, et exerçant leurs fonctions pour un mandat de 6 ans, un tiers de ses membres étant renouvelé tous les deux ans.
Concernant le dialogue national, Ghannouchi a déclaré : "Nous ne cessons d'appeler à un dialogue national qui n'exclut personne, mais c'est le président Saïed qui s'y refuse, et même quand il a accepté un dialogue, il le voulait avec ceux qui sont d'accord avec lui."
"Nous nous adressons au peuple qui a fait la révolution et qui la préservera", a-t-il ajouté.
Et Ghannouchi de poursuivre : "Nous sommes revenus à un régime où le pouvoir est concentré entre les mains d'une seule personne, et c'est pour cela qu'il y a eu une révolution en Tunisie."
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Saïed a imposé des mesures d'exception, notamment : la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature, la promulgation de lois par décrets et la tenue d'élections législatives anticipées au 17 décembre.
Certaines parties de la scène politique et de la société civile tunisiennes considèrent ces mesures comme un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres y voient une "correction du cours de la révolution de 2011", qui a renversé le régime du président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali.
Quant à Saïed, qui a entamé en 2019 un mandat présidentiel de cinq ans, il a déclaré que ses mesures s'inscrivaient "dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État d'un danger imminent."
Source : AA